Incendies de Los Angeles : On vous dit tout sur la substance rose qui fait barrage aux flammes
Elle se détache sur un décor de paysages calcinés. Au-dessus des forêts, des maisons et des voitures, cette matière rouge vif ou rose fluo est partout à Los Angeles, dévasté par les incendies. Déversé par avion, il s’agit d’un retardateur de flamme, pour l’essentiel un produit appelé Phos-Chek.
Il est utilisé aux Etats-Unis par le Service des forêts depuis les années 1960. Ce type de retardateur fait également partie intégrante de la panoplie des pompiers français en lutte contre les feux de forêt. Il est souvent largué par les Dash, en association avec d’autres appareils, tels que les Canadair (utilisé essentiellement pour les largages d’eau, grâce à leur capacité à se réapprovisionner en vol) ou les Beechcraft (un avion spécialisé dans le renseignement).
Un cocktail de phosphate, de fer, et de divers additifs
L’usage des retardateurs de flamme est bien connu. Mais son utilisation au-dessus de quartiers résidentiels de Los Angeles l’a été sur une échelle « jamais vue », relève Daniel McCurry, professeur associé d’ingénierie civile et environnementale à l’Université de Californie du Sud. Phos-Chek est un mélange de phosphate d’ammonium, un engrais commun, et de divers additifs, dont de l’oxyde de fer (de la rouille), qui lui donne sa couleur fluo.
« Cette teinte vive permet aux pilotes de s’assurer qu’ils ne laissent pas de zones non couvertes au-dessus des incendies », explique Jason Colquhoun, pilote d’hélicoptère d’une société spécialisée dans la lutte anti-incendie. La substance ignifuge continue d’opérer même après l’évaporation de l’eau avec laquelle elle est mélangée. Tandis que des épaississants apportent « une viscosité au produit qui lui évite de dériver de la zone ciblée », ajoute Daniel McCurry.
Quel impact sur l’environnement ?
Un ancien pompier lui a toutefois expliqué que le produit « ne servait pas à grand-chose » dans le cas de feux de haute intensité, comme ceux qui ont fait au moins 25 morts depuis une semaine à Los Angeles et sont toujours hors de contrôle.
Le Service des forêts explique n’utiliser que du retardateur de flamme « qui respecte les critères de l’Agence de protection de l’Environnement » assurant qu’ils sont « quasiment non-toxiques pour les humains, les mammifères et les espèces aquatiques ».
Une ancienne formule a été retirée dans tous les Etats-Unis le 31 décembre. Celle qui est utilisée désormais serait moins toxique. Elle ne contient pas de polluants éternels, ni de substances « connues pour provoquer des cancers ou d’autres maux », prohibés par la loi californienne, assure Perimeter Solutions, l’entreprise qui commercialise Phos-Chek. Mais elle peut entraîner des irritations cutanées et, en cas d’ingestion, provoquer nausée et vomissements.
Notre dossier sur les incendies de Los Angeles
McCurry explique que le Service des forêts a perdu des actions en justice dans le passé sur des cas environnementaux. Désormais Phos-Chek est « probablement inoffensif pour l’environnement ». « En même temps, l’impact sur la santé humaine n’est pas encore tout à fait clair », concède-t-il.