France

Incendies de Los Angeles : La pollution de l’air et des cendres toxiques inquiètent les experts

Le comté de Los Angeles se retrouve plongé dans une crise environnementale et sanitaire après les deux incendies dévastateurs, Eaton Fire et Palisades Fire. Ces feux de forêt ont généré des niveaux records de pollution atmosphérique, déclenchant des inquiétudes sur leurs effets à long terme, particulièrement dans les communautés défavorisées, explique le Los Angeles Times.

Dès le 8 janvier, des niveaux alarmants de particules fines ont été relevés. À Chinatown, un capteur a mesuré 483,7 microgrammes par mètre cube, un record pour les quatre dernières années. A Pacific Palisades, un autre moniteur a atteint un pic de 1.100 microgrammes, établissant un triste nouveau record depuis l’installation des capteurs en 2021. Ces niveaux dépassent largement les seuils considérés comme sûrs pour la santé humaine.

Une crise sanitaire en cours

Au plus fort des incendies, les hôpitaux ont vu leurs admissions pour des blessures ou une exposition à la fumée multipliées par 16. Parmi les 81 hospitalisations enregistrées, les experts craignent que beaucoup d’autres cas restent sous-évalués. « Nous savons que [la fumée] a des impacts potentiellement mortels, mais cela ne figure pas toujours sur les certificats de décès », explique Alistair Hayden, professeur à l’université Cornell, au quotidien angelin.

Les enfants, en particulier, sont les plus vulnérables à cette pollution. Une étude de Stanford réalisée après le Camp Fire de 2018 a révélé que 76 % des enfants asthmatiques avaient subi une crise ou une aggravation de leur état. Les communautés latino-américaines, asiatiques et afro-américaines avaient été les plus touchées, des disparités qui pourraient se reproduire dans les zones affectées par l’Eaton Fire.

Menace environnementale durable

Bien que la fumée des incendies ait commencé à se dissiper grâce aux vents récents, les cendres et débris qui recouvrent de nombreux quartiers représentent une menace persistante. Ces résidus contiennent des produits chimiques toxiques issus de la combustion de maisons, de véhicules et de végétation, avertissent les experts. « Les sites d’incendie peuvent devenir une sorte de décharge de déchets toxiques », a déclaré Chris Field, directeur à l’Institut Stanford Woods pour l’environnement au site Los Angeles Public Press.

En raison de la pollution atmospérique, le South Coast Air Quality Management District a émis plusieurs avertissements sur la qualité de l’air, recommandant de porter des masques N95 et de garder les fenêtres fermées.
En raison de la pollution atmospérique, le South Coast Air Quality Management District a émis plusieurs avertissements sur la qualité de l’air, recommandant de porter des masques N95 et de garder les fenêtres fermées. - R. Vogel/AP/SIPA

« Même les objets précieux peuvent devenir dangereux après avoir touché un incendie », souligne-t-il encore. De son côté, le South Coast Air Quality Management District a émis plusieurs avertissements sur la qualité de l’air, recommandant de porter des masques N95 et de garder les fenêtres fermées. Toutefois, certaines particules, trop grosses pour être détectées par les capteurs, échappent encore aux mesures officielles.

Recherche et prévention

Afin d’en savoir plus, la NASA utilise actuellement des capteurs montés sur des avions pour analyser les zones incendiées et évaluer la toxicité des cendres. Ces technologies, déjà utilisées après des catastrophes comme les attentats du 11-septembre, pourraient fournir des données précieuses pour planifier la phase de nettoyage et réduire les risques pour les résidents. « Ces environnements restent toxiques bien après les incendies », souligne Michael Falkowski, scientifique en écologie terrestre à la NASA.

Retrouvez toutes l’actualité sur les incendies à Los Angeles

Les experts insistent sur l’urgence d’adopter des stratégies préventives adaptées aux populations vulnérables. « Les normes actuelles sur la qualité de l’air ne suffisent pas à protéger les personnes dans ces cas d’urgence », conclut Marc Carmichael, étudiant en médecine à Stanford.