France

Immigration : La France est-elle vraiment « submergée » comme le dit Bayrou ? La réponse en une carte

«Une avancée » pour Gérald Darmanin, « une bénédiction » pour Bruno Retailleau. Les ministres de la Justice et de l’Intérieur ont salué chacun leur tour les déclarations de François Bayrou tenues sur l’immigration lors d’une interview accordée à LCI et diffusée lundi soir. « Les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu’ils ne dépassent pas une proportion. […] Dès l’instant que vous avez le sentiment d’une submersion, de ne plus reconnaître votre pays, les modes de vie ou la culture, vous avez rejet », a affirmé le Premier ministre.

Applaudis par l’extrême droite, ces propos ont été rejetés par toute une frange de la classe politique, de Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, qui les a jugés « gênants » à la cheffe des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, qui a dénoncé des mots « honteux » pour décrire « cette fausse idée alimentée par l’extrême droite ».

Un sentiment loin de la réalité

Selon les données d’Eurostat concernant l’année 2022, en comparaison aux autres pays européens, la France est loin d’être « submergée » par l’immigration. Avec 6,3 immigrants enregistrés pour 1.000 habitants, elle se classe très loin derrière Malte, le Luxembourg ou l’Islande. En 2021, des chercheurs de l’Ined avaient par ailleurs mesuré que la France était l’un des pays où l’immigration était la plus faible en Europe de l’Ouest. « En réalité, la migration contribue très peu à faire progresser la population en France. Donc il n’y a pas de submersion », affirmait en 2023 à 20 Minutes l’un des chercheurs, Cris Beauchemin.

Dans le détail, si le nombre de visas délivrés par la France en 2023 a augmenté de 40,4 % par rapport à 2022, il reste bien « inférieur au total des visas délivrés avant la crise sanitaire », précise le site gouvernemental Vie Publique. A noter que les visas touristiques représentent la plus grande part de ces autorisations d’entrer sur le territoire. Concernant les titres de séjour délivrés en 2023, ils ont légèrement augmenté 2,5 % par rapport à l’année dernière, sachant que « le motif étudiant est le premier motif d’attribution d’un titre de séjour », explique le site.

Concernant les immigrés en situation irrégulière, 22.704 étrangers ont quitté le territoire français avec un total des éloignements d’étrangers en situation irrégulière en hausse de 10,7 % par rapport à 2022.