France

« Il faut arrêter d’en manger »… C’est quoi cette polémique autour du comté ?

Avec 1,6 million de meules vendues en 2022, c’est l’un des fromages préférés des Français. Qu’il soit jeune ou vieux, doux, fruité ou plus intense, le comté est un fleuron de la gastronomie française, produit dans une zone AOP (Appellation d’origine contrôlée) s’étendant sur cinq départements du massif du Jura (Doubs, Jura, Ain, Saône-et-Loire et Haute-Savoie). Depuis quelques jours, ce savoureux fromage à pâte dure fait beaucoup parler sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes postant une photo dudit fromage accompagnée du hashtag #TouchePasAMonComté.

Une mobilisation qui fait suite à un billet de Pierre Rigaux, le 24 avril, sur l’antenne de France Inter. Dans la chronique La lutte enchantée, l’écologue et militant de la cause animale s’en prend donc au fameux comté. « C’est certainement un très bon fromage sur le plan gustatif, mais il semble que ce soit devenu un mauvais produit sur le plan écologique », démarre-t-il, avant de lister « les dégâts » causés par la production de comté sur l’environnement. « Prolifération d’algues, mortalité des poissons, déclin de la biodiversité aquatique… Bref, des cours d’eau pollués par le comté », indique le militant écologiste.

Une pluie de réactions sur les réseaux sociaux

Pierre Rigaux évoque aussi « les souffrances » infligées aux vaches montbéliardes, dont le lait sert à produire le fromage, avec « des veaux retirés à leur mère au bout de seulement 24 heures » ou des animaux qui finissent systématiquement leur vie à l’abattoir. « Le fromage et le lait font souffrir les animaux tout autant que la viande, si ce n’est plus » poursuit-il, avant d’appeler à arrêter de manger du comté. « Si c’est mauvais écologiquement, terrible même pour les animaux, est-ce que notre petit plaisir à se faire une tranche de fromage est supérieur à tout ça ? », s’interroge-t-il.

Comme on pouvait l’imaginer, ces propos n’ont pas tardé à déclencher une pluie de réactions sur les réseaux sociaux. « Interdire le comté ? Une atteinte absurde à notre patrimoine gastronomique », a réagi un internaute sur X. « Bientôt ils voudront interdire le saucisson, le pain et la raclette », s’agace une autre sur Facebook.

« Autant interdire les couchers de soleil sur le Jura »

Même la préfecture du Jura s’est fendue d’un commentaire sur X. « Le comté, c’est du Jura, du goût, du calcium, des protéines… et zéro culpabilité. Un savoir-faire, des éleveurs engagés, une filière exemplaire. L’interdire ? Autant interdire les couchers de soleil sur le Jura. Restons sérieux ! »

Un message auquel a répondu Pierre Rigaux, estimant que « les Jurassiens ont le droit et ont un besoin vital d’avoir des cours d’eau préservés, une biodiversité préservée et un environnement compatible avec leurs besoins vitaux en eau ». Entre pro et anti-comté, le terrain d’entente va être dur à trouver.