France

Il confond le « Guinness Book » avec un autre organisme de records et perd 4.000 euros

Son rêve de gloire se transforme en cauchemar. C’est l’histoire de Mickael M., un quadragénaire originaire de Péronne, dans la Somme, persuadé de détenir le record du monde qui allait changer sa vie. En quête de célébrité, tant sur les réseaux qu’en écumant les castings, Mickael espérait qu’un diplôme estampillé Guinness World Records l’aiderait à ouvrir des portes qui lui restaient désespérément fermées. Sauf que bien malgré lui, il a misé toutes ses économies sur le mauvais cheval.

Persévérant, cela fait des années que Mickael se présente régulièrement à des castings sans jamais décrocher le rôle de sa vie. Au bout d’un moment, il s’est quand même dit qu’il allait tenter une autre approche. « Pour attirer l’attention, il fallait que je fasse quelque chose de balèze, c’est comme ça que j’ai pensé à un record du monde. Tout simplement », se souvient-il. Et comme il poste frénétiquement des vidéos sur TikTok, c’est un ami qui lui a suggéré d’aller dans ce sens. « J’ai environ 12.000 vidéos sur ma page. J’ai eu beau regarder les comptes d’influenceurs très suivis, personne n’en avait autant que moi », assure-t-il.

« Dans ma tête, il n’existait que le Guinness »

Mickael entreprend donc de contacter le Guinness pour entrer dans l’Histoire en tant que recordman du postage de vidéos sur le réseau social chinois. Il tape donc « world record » sur Internet et clique sur le premier lien qui apparaît. C’est ce clic qui va tout changer, mais pas dans le bon sens. « Dans ma tête, il n’existait que le Guinness, alors je ne me suis pas posé de question », reconnaît-il. Mais au lieu d’arriver sur le site du célèbre Guinness Book, Mickael se retrouve sur celui de l’Official World Record (OWR), une sorte de concurrent de la prestigieuse institution.

Pour organiser l’homologation de son record, Mickael doit faire venir trois juges de l’OWR à Lille. Entre les frais de transport, l’hôtel et les frais divers, on lui réclame 5.200 euros. « Je savais que ça allait coûter de l’argent, mais je considérais cela comme un investissement », explique le quadragénaire. Sans emploi, il économise en arrêtant de fumer, en se serrant la ceinture et en empruntant à des amis. En quelques mois, il parvient à rassembler la somme, qu’il verse à l’OWR en cinq virements bancaires. Le dernier intervient le 18 février dernier. « Le lendemain, je me suis rendu compte que j’avais confondu ce site et le vrai Guinness, admet Mickael. Alors j’ai demandé à me faire rembourser. »

Le Guinness, c’est gratuit ou presque

Sur les 5.200 euros, il ne récupère que 1.200 euros, l’organisme lui expliquant qu’un contrat les lie et que des frais ont été engagés. Le quadragénaire, lui, invoque son droit européen à la rétractation et a déposé plainte pour « escroquerie ». Contactée par 20 Minutes, la DGCCRF est un peu perplexe. « S’il y a un commencement de l’exécution du service mais que tout le service n’a pas été rendu, il restera redevable de ce qui a déjà été fait par l’organisme », nous explique-t-on. Et si l’OWR ne veut rien entendre et que les conditions de rétractation ne sont pas remplies, il ne lui reste que deux solutions : « Soit un accord amiable, soit une décision de justice qui brise le contrat », précise la DGCCRF. Et pour ce dernier point, il ne suffit pas de dire « oupsi, j’ai confondu ». Mickael devra prouver que l’OWR a entretenu la confusion avec le Guinness, ce qui n’est pas le cas.

D’autant que, contacté par 20 Minutes, le « vrai » Guinness, assure que ses homologations de records peuvent être gratuites. « Il est gratuit de postuler pour un titre Guinness World Records. Si vous voulez l’ouverture d’un nouveau titre, il y aura des frais de dossier de 5 livres », nous explique-t-on. A la charge du demandeur de payer un huissier pour assurer de la conformité du record ou, s’il le souhaite, de demander la présence d’un juge officiel. Mais dans ce cas, le tarif n’est plus le même, négocié directement avec le service de consultants du Guinness.