« Il a monté la main au niveau de mes testicules »… Un ancien de « SFX » à Ustaritz dénonce des attouchements sexuels

Renaud Fabier est un des rares anciens élèves de Saint-François-Xavier (SFX) d’Ustaritz, au Pays basque, à accepter de témoigner à visage découvert. Cet habitant de Biarritz de 58 ans devrait aussi être l’un des tout premiers à déposer plainte dans cette nouvelle affaire de suspicions de violence et violence sexuelle, après l’affaire Bétharram. « Je souhaite déposer plainte pour attouchements sexuels et violence physique », explique à 20 Minutes le quinquagénaire, qui a passé trois ans au sein du collège privé catholique d’Ustaritz, de 1977 à 1979. « Ma mère nous avait mis là-bas avec mon frère, pensant bien faire… »
Que s’est-il passé durant ces trois années ? « Dans les dortoirs, parfois ça discutait un peu, mais si on se faisait prendre, on se retrouvait à genoux sur une règle, à devoir apprendre un texte en entier, sinon on ne se couchait pas », se souvient l’ancien élève. « On a pris des branlées terribles par l’abbé M., poursuit Renaud Fabier. Il y avait aussi un pion qui nous mettait des coups de règle sur la tête. Pour rien ! »
Au réfectoire, c’était la loi du plus fort : « Les plus costauds se servaient en premier. » Et, niveau hygiène, « on avait droit à seulement une douche par semaine, et une minute et demie par douche, pas plus. Dans la file d’attente, il y avait un abbé qui nous mettait des grands coups de badine [baguette]. » Selon le Biarrot, « en tout, il y en avait quatre ou cinq [d’abbés] de vraiment violents ».
« Moi, à force, j’avais peur, poursuit l’ancien pensionnaire. Tellement peur qu’à 9 ans je faisais encore pipi au lit. C’est pour cela qu’ils m’ont mis pendant un an dans une chambre derrière le réfectoire, tout seul, et où il faisait froid. Je garde un très mauvais souvenir de tout cela. »
« Depuis que j’en parle, je me sens libéré »
Voilà pour les faits de violence. Renaud Fabier explique qu’il a aussi été victime de faits de nature sexuelle. « Un jour, lors d’un match de foot, je me suis fait très mal au tibia, se souvient-il. Je voulais consulter l’infirmière, mais en chemin j’ai croisé le directeur de l’établissement de l’époque, qui me dit qu’elle n’est pas là, et il me fait monter dans ses appartements. J’avais 12 ans. Là, il a commencé à me masser avec de la pommade au niveau du genou, puis c’est monté au niveau de la cuisse, un massage intense au point que c’est devenu rouge, puis tout bleu. Je me suis mis à pleurer. Puis il a monté la main au niveau de mes testicules. C’est là que je l’ai repoussé, et je suis parti en courant dans le village. J’ai appelé ma mère et mon frère aîné. Ma mère a voulu déposer plainte, mais cela n’a pas abouti, et puis cela correspondait à la fin de ma scolarité là-bas, et finalement je n’y suis plus retourné… »
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Si cette histoire l’a « beaucoup déstabilisé par la suite », ce n’est que lorsque l’affaire Bétharram a éclaté qu’il a réagi. « Depuis que j’en parle, je me sens libéré, mais cela réveille aussi beaucoup de choses en moi », assure le quinquagénaire, toujours très marqué.