« Identification des acheteurs de cadeaux du samedi avant Noël »
Le dernier samedi avant Noël, surnommé « super samedi », voit une forte affluence dans les magasins, les clients cherchant à acheter les derniers cadeaux pour le 24 ou le 25 décembre. J.-C. explique qu’il achète ses cadeaux au dernier moment car il doit attendre la prime de Noël de la CAF, versée le 16 décembre.

C’est le dernier jour avant les fêtes de Noël, un moment crucial pour de nombreux Français. Comme chaque année, le dernier samedi précédant Noël, les commerces, centres commerciaux et rues commerçantes sont envahis par des foules cherchant à dénicher les derniers présents à glisser sous le sapin le 24 au soir ou le 25 au matin. Pour les commerçants, ce jour, souvent nommé « super samedi », est d’une importance capitale ; pour les clients, il se transforme fréquemment en véritable épreuve.
Tous sont conscients qu’il faudra affronter la foule, les rayons pris d’assaut par d’autres clients concurrentiels, les files d’attente interminables à la caisse, le risque de manquer de papier cadeau ou de constater que le produit tant désiré est en rupture de stock. Mais alors, pourquoi ce jour demeure-t-il chaque année le plus fréquenté dans les magasins ? Élément de réponse par le biais de témoignages de lecteurs et lectrices de 20 Minutes.
La pression exclut l’anticipation
« Chaque année, je me promets de mieux m’organiser pour Noël. Et chaque année, je me retrouve à courir après des cadeaux », témoigne Ameline, visiblement exaspérée par la situation, avec une liste d’achats conséquente pour ce samedi. Comme de nombreux autres, elle avoue sa tendance à reporter cette tâche inéluctable jusqu’à la dernière minute.
« C’est un type de procrastination fréquemment observé chez les consommateurs », explique Annie Banikema-Sow, professeure en sciences de gestion et experte en comportements des consommateurs à l’université d’Evry. « Cela résulte d’une forte contrainte sociale. »
Les cadeaux de Noël occupent effectivement une place prépondérante dans notre culture, suscitant parfois des réactions négatives à leur égard. « Il y a du monde partout, une chaleur étouffante, du bruit, et de la frustration », décrit Antoine, qui, malgré une expérience qu’il qualifie de « douloureuse, autant physiquement que mentalement », continue de faire ses achats le dernier samedi au centre commercial de Part-Dieu à Lyon. Pourquoi ? « Si j’achète trop tôt, je ne ressens pas que ce sont des cadeaux de Noël, mais simplement des cadeaux. Surtout, je n’ai souvent pas d’idée précise sur ce que je veux acheter et pour qui. Du coup, je parcours le magasin à la recherche d’une illumination qui me guiderait vers le bon cadeau. »
« Trouver des idées pour les mêmes personnes devient compliqué »
« Cette pression, la crainte de se tromper et de ne pas associer le bon cadeau à la bonne personne conduit souvent à retarder le moment fatidique jusqu’à s’y retrouver acculé », analyse Annie Banikema-Sow, qui évoque également un autre facteur de procrastination : le manque d’idées.
Sophia en témoigne : « Chaque année, c’est difficile de trouver des idées originales pour les mêmes personnes. Au fil du temps, on finit par faire le tour, et cela devient angoissant de trouver quelque chose d’original. Si je choisis quelque chose de banal, la personne pourrait penser que je ne m’intéresse pas à elle. »
Parmi nos lecteurs, ceux qui parviennent à finaliser leurs achats longtemps à l’avance sont souvent ceux qui considèrent cela comme une corvée à accomplir rapidement.
Attente des primes et des salaires
Malheureusement, d’autres internautes reportent leurs achats de Noël pour des raisons plus matérielles et contraignantes. C’est le cas de J.-C. : « Nous attendons souvent la prime de Noël de la CAF [versée le 16 décembre] pour pouvoir nous permettre de faire des achats. Pour nous, les cadeaux se limitent généralement à un petit achat comme une bûche, s’il reste de l’argent après avoir acheté des choses pour les enfants. Sinon, ils n’en auraient pas du tout. »
« Souvent, on suppose que tout le monde a les moyens de fêter Noël, or ce n’est pas toujours le cas », remarque notre experte. « Cela peut induire une réelle incertitude sur le budget disponible. Cela conditionne souvent l’ensemble de l’organisation de votre Noël. » Plusieurs lecteurs confient d’ailleurs attendre leur salaire de décembre, versé plus tôt que d’habitude, pour finaliser leurs achats.
Un rituel festif et partagé
Cependant, parmi ces acheteurs de dernière minute, certains le font d’une manière délibérée et même avec plaisir. « Il existe un rituel dans cette effervescence. Certains apprécient cette « fièvre » des achats. Même en étant stressés et bousculés, beaucoup manifestent de la joie », explique Annie Banikema-Sow. « Il y a un lien dans la répétition de cette expérience chaque année, une communion, une cohésion, autour d’un événement que nous partageons tous. »
« Je n’aime pas faire du shopping, avoue Mathys. Mais j’avoue qu’avec toute cette effervescence, je me sens d’avantage dans l’esprit des fêtes. C’est presque comme être dans un film américain. Tant pis pour la foule, même si c’est pénible ; j’aime cette énergie collective. » Billie partage également cet état d’esprit. Chaque année, avec son ami, elle attend ce dernier samedi : « Je vis à Paris et je me dis qu’avec tant de choix, je finirai toujours par trouver quelque chose. Cela ressemble à une aventure, et nous avons toujours de belles anecdotes à raconter. J’apprécie cette excitation ».
Retrouvez ici tous nos articles sur Noël
Certaines personnes vont même jusqu’à transformer ce moment en une aventure ludique et amicale. Magali explique : « Avec mes trois meilleures amies, nous nous donnons rendez-vous le matin, prenons un café et planifions notre journée. Ensuite, nous partons chacune de notre côté avec nos listes, et nous nous retrouvons pour déjeuner ensemble à midi. Après un premier point, on redémarre l’après-midi avec pour but de tout finaliser. Cela se termine généralement vers 19 heures ou 20 heures pour un apéritif où l’on fait le bilan de la journée et offrons un petit cadeau à la suite d’un tirage au sort. Pour nous, cela marque le véritable lancement de Noël. »

