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« HPI » saison 3 : La série à succès de TF1 a-t-elle encore un haut potentiel ?

Un rapprochement aussi inattendu que très attendu ! Le final de la saison 2 a laissé les fans d’HPI en émoi après un premier baiser entre Adam Karadec (Mehdi Nebbou) et Morgane Alvaro (Audrey Fleurot). Près d’un an après ce cliffhanger explosif, TF1 dévoile ce jeudi à 21h10 les deux premiers épisodes de la saison 3 de la comédie policière à succès.

Il s’agit d’un double épisode, une première dans l’histoire de la série : « Ce format permet d’avoir plus de temps pour l’enquête, forcément un peu moins rocambolesque, et pour tout ce qu’on adore, c’est-à-dire la vie quotidienne des personnages », se réjouit Audrey Fleurot, que 20 Minutes a rencontrée lors d’une table ronde au festival Séries Mania. Après ces deux premières saisons épiques, HPI a-t-elle encore du potentiel et pour combien de temps ?

Le début de la saison 3 se déroule six mois après le baiser échangé à la fin de la saison 2. « On voulait tourner en été et le baiser a lieu en hiver », raconte à 20 Minutes Alice Chegaray-Breugnot, cocréatrice et directrice d’écriture de la série.

« Morgane dans une situation un peu surprenante »

Pour tenir sur la longueur, il faut étonner les spectateurs. « On avait envie de surprendre et de se surprendre aussi. On avait aussi l’impression que continuer pile après ce qui s’était passé en fin de saison 2, ce n’était pas la partie la plus intéressante à raconter. On avait enfin envie de retrouver Morgane dans une situation un peu surprenante pour lancer la saison », poursuit le scénariste Julien Anscutter.

« On avait envie que cela questionne le spectateur et qu’il s’invente lui-même l’histoire de ce qui avait pu se passer entre eux… Comme c’est un bouleversement immense de la retrouver au point de départ, à nouveau femme de ménage, nous voulions montrer à quel point cela avait été un tsunami pour elle », renchérit Alice Chegaray-Breugnot.

Et d’ajouter : « Morgane commençait à être bien installée à la DIPJ (Directions Inter-régionales de la Police Judiciaire). Cette ellipse permettait de découvrir la DIPJ sans Morgane : qu’est-ce qui se passe quand ils ont perdu sa fantaisie ? »

« On cherche à lui créer des emmerdes »

« L’ADN de départ, c’est une mère célibataire qui a du mal à joindre les deux bouts, et c’est important de garder cela », estime Audrey Fleurot. A chaque début de saison, le défi pour les auteurs est de remettre Morgane dans une certaine précarité – ce qui est incompatible avec un poste à temps plein à la DIPJ.

« On cherche à lui créer des emmerdes tout le temps et à trouver les systèmes D qu’elle va mettre en place pour contrer cela », résume Alice Chegaray-Breugnot. Un « ancrage social » qui « tient vraiment à cœur » à Audrey Fleurot.

En ce début de saison, Morgane Alvaro n’est pas au sommet de sa forme. « Morgane a des problèmes. Et comme toujours, elle ne choisit pas toujours les meilleures solutions pour les résoudre, et donc elle va avoir de plus en plus de difficultés à les résoudre », continue Alice Chegaray-Breugnot.

« Elle va devoir partager son salaire avec ce nouveau »

« Morgane est assez down. Elle sort d’une petite dépression de six mois, mais comme c’est Morgane, elle ne va pas réagir de la même façon que nous. Elle a claqué la porte de la DIPJ et elle est redevenue une piètre femme de ménage. Chaque début de saison, elle a un challenge, là, elle doit reprendre sa vie en mains », souligne Audrey Fleurot.

Afin de se sortir de la mouise, Morgane Alvaro va rapidement reprendre son poste à la DIPJ. Le hic ? « Elle va devoir partager son salaire avec ce nouveau », prévient Alice Chegaray-Breugnot.

Pour pimenter l’équipe de flics, HPI accueille ainsi un nouveau personnage, le brigadier Guichard. « C’était vraiment stressant de savoir comment j’allais m’intégrer, mais tout le monde a été adorable », confie son interprète, Jérémy Lewin.

Ce dernier incarne un jeune flic scolaire, appliqué, procédurier aux antipodes de Morgane Alvaro. « On trouvait cela drôle d’avoir quelqu’un complètement à l’opposé de Morgane », relate Julien Anscutter.  « Morgane va réintégrer sa fonction, et il lui a piqué sa fonction… et cela ne va pas lui plaire », promet Alice Chegaray-Breugnot.

« Ce triangle amoureux est croustillant »

La saison 3 d’HPI joue avec les attentes des spectateurs. « Quand les personnages se rapprochent trop, nos auteurs réussissent à trouver le moyen de les faire s’éloigner… Il faut constamment leur mettre des bâtons dans les roues. Clair de lune ne tenait que sur ça… On attendait qu’ils se mettent ensemble. Et quand l’un regardait l’autre, l’autre regardait ailleurs et vice et versa. C’était d’une intensité érotique folle. Et puis, une fois qu’ils se sont mis en couple, la série a périclité », examine Audrey Fleurot. « On a la chance d’avoir deux personnages très handicapés de l’amour. Cela nous permet de ne pas les mettre en couple, mais de faire des variations sur le thème », s’amuse Alice Chegaray-Breugnot

La saison 3 d’HPI joue ainsi à fond la carte du triangle amoureux entre Morgane, Karadec et Roxane (Clotilde Hesme). Sans dévoiler ce qu’il s’est exactement passé entre Morgane et Karadec, Mehdi Nebbou analyse au sujet de son personnage : « Il a un conflit intérieur cet homme. Il est amoureux de Roxane, mais ce baiser avec Morgane a créé un vrai trouble et une culpabilité. ». De son côté, Roxane est « dans une position inconfortable de sentir que son homme est amoureux d’une autre femme et qu’il est en plus dans le déni », poursuit-il.

Et Morgane dans tout cela ? « Elle va avoir plusieurs aventures. Cela nous permet de jouer sur le fil de la jalousie de Karadec. Ce qui est toujours un bon support de comédie : comment va-t-elle le rendre jaloux ? », dévoile Audrey Fleurot. « Grace aux auteurs, ce triangle amoureux est croustillant dans la saison 3 », félicite Mehdi Nebbou.

« Une équipe sur une enquête avec Daphné »

Afin de toujours se renouveler, les auteurs misent aussi sur des relations inédites entre les personnages. « On a pu faire des petits duos qu’on n’avait pas eu l’occasion de faire avant. C’est compliqué de pouvoir développer toutes les relations entre les personnages, mais, de saison en saison, on a la possibilité d’avoir des moments un peu plus privilégiés entre des personnages qui n’avaient pas forcément eu l’occasion de partager des choses ensemble. Par exemple, nous formons une équipe sur une enquête avec Daphné », détaille Audrey Fleurot.

« Dans les deux premières saisons, on a posé les jalons des relations entre les personnages, et fort de cela, là, on peut commencer à nuancer, à aller chercher d’autres choses », commente l’interprète de Daphné, Bérangère McNeese.

« Quelques enquêtes sont plus sombres »

Le succès d’HPI repose aussi sur des enquêtes. Dans cette saison 3, Alice Chegaray-Breugnot promet « quelques enquêtes sont plus sombres ». « La criminalité est peut-être un peu plus dure. Il va y avoir une ou deux intrigues dans lesquelles on est quand même dans des choses un peu rudes, qui sont aussi le reflet de notre société », considère Marie Denarnaud, qui incarne la commissaire Céline Hazan.

« Avec HPI, tous les genres sont possibles »

« Ce qui est formidable avec HPI, c’est que tous les genres sont possibles. Dans la saison 3, on a quand même un épisode avec des vampires. La série est suffisamment plastique pour autoriser de faire un épisode comme cela. Cela nous permet de renouveler la forme », se réjouit Audrey Fleurot.

Après le remake de la scène culte de Pretty Woman en saison 2, la saison 3 s’ouvre ainsi sur une parodie hilarante de clip de rap. Un épisode d’HPI se déroulera d’ailleurs dans le monde du hip-hop, un autre jouera avec les codes du jeu video, une séquence avec ceux du film noir des années 1940. « On aime beaucoup parodier ou utiliser pas mal de genres et toute la pop culture. Cela fait partie du personnage, Morgane n’a pas fait beaucoup d’études, mais elle a une connaissance de la pop culture très importante », précise Alice Chegaray-Breugnot.

Combien de saisons encore la série HPI aura-t-elle le potentiel de se renouveler de la sorte ? « Vingt-quatre ? Vingt-cinq ans ? Je ne sais pas ! Non, on va éviter ! », rit Audrey Fleurot. Et la star d’HPI de conclure : « Pour l’instant, je trouve que chaque saison est meilleure que la précédente. L’idée est de pouvoir continuer comme cela. J’ai toujours l’envie de faire une saison encore meilleure, mais aussi de ne pas lasser les gens et de faire la saison en trop. Tout cela est assez abstrait. Ce que je sais, c’est que je ne la quitterai pas de gaieté de cœur parce que je sais que j’aurai du mal à trouver un personnage qui me stimule autant. »