France

Himalaya : Malgré son double handicap, Fabienne se lance à la conquête de l’Everest

« Je suis désolée, la journée a été particulièrement forte en émotions ! » Fabienne Sicot-Personnic en prend plein les yeux, depuis quelques jours. Jusqu’à, même, lui tirer quelques larmes. Dans l’un des plus anciens monastères de la vallée de l’Everest, cette infirmière montpelliéraine a rencontré, raconte-t-elle, « le plus vieux des lamas », ces moines bouddhistes réputés pour leur profonde spiritualité. « C’était très fort », sourit-elle.

Mais si cette maman de 38 ans arpente les montagnes du Népal ce n’est pas seulement pour faire le plein de souvenirs. Elle s’est lancée, en effet, un sacré challenge : grimper tout en haut de l’Everest. Mais la route est encore longue. Ce mercredi, elle s’approchait du camp de base, à quelque 5.300 mètres d’altitude. « J’ai été initiée à l’alpinisme très tôt, par mes parents, confie-t-elle. J’ai vraiment baigné dedans, pendant des années. C’était devenu presque naturel, pour moi, de me déplacer en montagne et en haute montagne. Puis j’ai mis un peu ça entre parenthèses, pour mes études, et ma vie de famille. »

« Je ne pouvais plus vivre sous cloche »

Ce défi est d’autant plus admirable que Fabienne Sicot-Personnic a appris il y a quelques années qu’elle était atteinte de spondylarthrite ankylosante et de la maladie des os de verre. Deux pathologies qui se caractérisent par des troubles de l’autonomie au niveau de ses membres inférieurs. « J’ai les genoux d’une petite mamie », confie cette infirmière en réanimation, au CHU de Montpellier. « Un énième diagnostic, en décembre 2020, m’a indiqué la progression de ces deux pathologies. Je me suis dit que j’avais quelques années à peu près tranquilles, avec les traitements que je suis actuellement. »

Et plutôt que de mettre la pédale douce, cette sportive née a multiplié les défis fous. « J’avais la sensation de me retrouver prisonnière de mon propre corps, confie-t-elle. Je me suis dit qu’il fallait que je profite de la vie, je ne pouvais plus vivre sous cloche. » En juillet, elle a atteint sept sommets de plus de 4.000 mètres d’altitude, en douze jours, par la prestigieuse voie des Trois monts, et s’est hissée au sommet du Mont-Blanc, tout en haut des Alpes. Désormais, c’est à l’Everest qu’elle s’attaque. Un « rêve d’enfance » qui lui a demandé, depuis deux ans, une préparation toute particulière, physique et mentale.

« Heureusement, il y a du Wifi sur le camp de base ! »

L’infirmière a dû également s’acclimater au manque d’oxygène. Au CHU de Montpellier, partenaire de ce challenge, elle a effectué de nombreux tests d’efforts à vélo, équipée d’un masque qui simule ces conditions extrêmes. « Et ça a des effets, confie-t-elle. Le sherpa qui m’accompagne m’a surnommée « Faster lady » (la femme rapide) ! », se marre la marcheuse. « Je vais vite, visiblement ! » En route vers le sommet, « ce qui sera le plus compliqué, c’est le « manque de tout », confie Fabienne Sicot-Personnic. L’Everest est une zone inhabitable. Inconfortable. Il fait froid. On dort très mal. Il faut toujours se dire « Ne lâche pas ! Ne lâche pas ! ». Il faut beaucoup boire, et même si on n’a pas très faim, il faut manger. » Et, bien sûr, à l’autre bout du monde, « le manque des proches, bien sûr, c’est très compliqué. Heureusement, il y a du Wifi, sur le camp de base ! »

La Montpelliéraine devrait atteindre le toit du monde, à 8.849 mètres d’altitude, au milieu du mois d’avril. « Une fois arrivée, il y aura, j’imagine, la traditionnelle photo souvenir ! », se marre-t-elle. Ce sera, dit-elle, la preuve que tout est possible, quand on y croit.

Fabienne Sicot-Personnic a ouvert une cagnotte (ici), pour récolter des dons, qui seront reversés aux équipes de chercheurs de l’Inserm, à Montpellier.