France

Hérault : Jugée pour « acte de torture » après avoir affamé sa fille jusqu’à sa mort, à 13 ans, pendant le confinement

Horrible. Affamée depuis des mois, Amandine ne pesait plus que 28 kg pour 1,55 m le jour de sa mort, le 6 août 2020, à l’âge de 13 ans. Jugée pour « actes de torture » à partir de lundi, à Montpellier, sa mère, 54 ans aujourd’hui, encourt la réclusion à perpétuité tandis que son compagnon 49 ans, risque, lui, 30 ans de réclusion pour avoir « privé de soins ou d’aliments » sa belle-fille et n’avoir rien fait pour la « sauver d’une mort certaine », selon l’ordonnance de mise en accusation. Ils comparaissent tous les deux détenus.

« Il ne fait aucun doute qu’Amandine a enduré des violences destructrices et paroxystiques, dont le seul dessein a été la volonté de l’entraîner dans une agonie honteuse et humiliante », selon le juge d’instruction chargé du dossier, dans son rapport d’enquête.

Le confinement a amplifié les violences

Renvoyée devant la cour d’assises de l’Hérault, pour « actes de torture ou de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner » – en l’espèce de l’avoir notamment « affamé » – entre le début du premier confinement, le 17 mars 2020, et le décès de sa fille, le 6 août de la même année, l’accusée, 54 ans, encourt la réclusion à perpétuité.

L’enquête a révélé qu’Amandine avait toujours été le souffre-douleur de sa mère, qui la privait notamment de nourriture, lui infligeait d’interminables « punitions d’écriture » et l’enfermait dans un débarras, sous la surveillance de caméras.

Selon l’expertise psychiatrique, la mise en cause a pu « transposer sa haine » du père d’Amandine sur le corps de sa fille. Avec le confinement, la collégienne avait cessé d’être scolarisée et les violences et privations s’étaient amplifiées, sans garde-fou ni limite.

Plusieurs signalements avaient été réalisés

Ancienne serveuse, mère de huit enfants nés de trois unions, elle doit en outre répondre de violences volontaires sur Amandine au cours des six précédentes années. « Violente, manipulatrice et menteuse », selon ses ex-compagnons, accusée de maltraitances par plusieurs de ses autres enfants, la quinquagénaire a toujours nié les faits, se décrivant même comme une mère « aimante » face à une adolescente « voleuse » et « capricieuse ».

Appelés à intervenir le 6 août 2020 dans la maison familiale, dans le village de Montblanc (Hérault), les gendarmes de Pézenas avaient été frappés par son extrême maigreur et par les traces de coups qu’elle portait au visage. Entendue le lendemain, sa mère avait expliqué qu’Amandine souffrait de troubles alimentaires, ce que personne n’a confirmé et la veille, elle n’aurait accepté que d’avaler un morceau de sucre, un peu de compote et une boisson hyperprotéinée, avant de se mettre à vomir puis de cesser de respirer.

Elle a « dû être victime de négligences graves de la part de son environnement familial pour atteindre un tel niveau d’amaigrissement », a relevé le médecin légiste. Selon un double rapport d’autopsie, son décès serait dû à un « trouble du rythme cardiaque » secondaire à un état d’amaigrissement extrême associé à une septicémie et à « un possible syndrome de renutrition inappropriée ».

Toutes nos infos sur la protection de l’enfance

Le père d’Amandine, son frère et sa sœur se sont portés parties civiles, ainsi que quatre associations, dont « L’Enfant Bleu – Enfance Maltraitée », qui entend « interroger les failles du système de protection de l’enfance ». De fait, plusieurs signalements et trois saisines du juge des enfants n’avaient débouché sur aucune mesure qui aurait pu mettre Amandine hors de danger.

Le verdict est attendu vendredi.