France

Hérault : Ces caméras piétons filment les interventions des policiers municipaux en direct, une première

Souriez, vous êtes filmés. En France, les premières caméras piétons ont été testées en 2013. Ces petits objectifs, fixés sur les gilets des forces de l’ordre, permettent de filmer les interventions, et d’apporter des preuves, à la justice, en cas de menaces ou de violences. A l’initiative des policiers ou des gendarmes, le son et l’image des opérations sont enregistrés, puis conservés pendant 30 jours. Mais la technologie de ces petits appareils évolue. Et la loi, aussi. A La Grande-Motte (Hérault), avec l’accord de la préfecture, les policiers municipaux testent une nouvelle génération de caméras piétons.

Jusqu’alors, les vidéos étaient enregistrées, puis dormaient sur un serveur sécurisé. Pour la première fois en France, les caméras piétons utilisées dans cette station balnéaire diffusent un flux vidéo en direct. Le son et l’image captés depuis la poitrine des policiers municipaux sont envoyés, en temps réel, au Centre de supervision urbain (CSU) de la Grande-Motte, qui réunit les flux des caméras de vidéosurveillance de la commune.

« Dépêcher des renforts », si le policier est en danger

« Ce n’est pas, toutefois, systématique, explique à 20 Minutes Jean-Michel Weiss, le responsable de la police municipale de la commune. En fonction de la gravité de la situation, le policier municipal peut décider d’appuyer sur un bouton, et d’envoyer le flux vidéo au CSU. » Comme pour les caméras piétons traditionnelles, ce dispositif permet d’enregistrer et de conserver une trace filmée des interventions des agents, quand les opérations s’enveniment. Et, parfois, de désamorcer des conflits, quand le rouge est activé. Mais désormais, les policiers du CSU peuvent suivre, à distance, en temps réel, le travail de leurs collègues. Comme une caméra de vidéosurveillance mobile.

« Le fait d’envoyer l’image et le son à l’instant T, cela permet à l’opérateur vidéo de constater que le policier est en danger, par exemple, et de dépêcher des renforts, poursuit Jean-Michel Weiss. Sans que le policier municipal n’ait à demander des renforts avec sa radio. » Par ailleurs, dès lors qu’une caméra-piéton nouvelle génération est activée, au poste communal vidéo de la Grande-Motte, le policier municipal est aussitôt géolocalisé, et les caméras de vidéosurveillance apparaissent sur les écrans, pour fournir à ses collègues davantage d’éléments pour apprécier l’urgence de la situation.

Possible depuis un décret du 2 novembre 2022

Ces caméras piétons ont été créées par la société Axis. Le dispositif, à la Grande-Motte, a été mis en place grâce à l’entreprise Ineo. « C’est une vraie innovation technologie, qui a un véritable intérêt pour la sécurité des policiers », note le chef de la police municipale de La Grande-Motte. Mais son utilisation reste marginale, confie-t-il. Depuis qu’ils sont équipés de caméras piétons, les policiers municipaux de La Grande-Motte, une station balnéaire plutôt tranquille, n’appuient sur le bouton « qu’une fois par mois, en moyenne ». « Nous ne sommes pas menacés, insultés ou pris à partie tous les jours, heureusement. »

A La Grande-Motte, cette expérimentation est possible depuis la promulgation du décret du 2 novembre 2022, qui encadre l’utilisation des caméras piétons par les policiers municipaux. Selon l’article 4, « les images captées et enregistrées au moyen de caméras individuelles peuvent être transmises en temps réel au poste de commandement du service concerné (…) lorsque la sécurité des agents ou la sécurité des biens et des personnes est menacée ». La loi oblige toutefois les agents à informer les contrevenants qu’ils vont être filmés. « Sauf dans les situations où les policiers municipaux ne seraient pas en mesure, en raison de circonstances exceptionnelles, de prévenir les personnes, précise Jean-Michel Weiss. Dans un cas de violences intrafamiliales, on entre dans l’appartement, on doit intervenir tout de suite, on n’a pas le temps, par exemple. »

A La Grande-Motte, Jean-Michel Weiss, très engagé pour l’innovation, a souhaité être le premier à expérimenter ce nouveau dispositif. La station balnéaire, déjà, avait été pionnière, dans l’accès à distance des fichiers des immatriculations et des permis de conduire ou des radars pour détecter les piétons qui ne respectent pas les feux.