France

Hauts-de-France : Quelles mesures pour lutter contre la sécheresse qui devient récurrente ?

Nouvelle alerte sécheresse en vue. A l’occasion de la journée mondiale de l’eau, mercredi, le groupe écologiste du département du Nord a tiré la sonnette d’alarme concernant la situation hydrologique : le Nord a connu l’un des mois de février les plus secs jamais enregistré depuis le début des mesures en 1959. Et les pluies du mois de mars sont loin de compenser. Conséquence, la tension sur les ressources en eau risque de devenir très critique cette année, notamment dans le triangle Lille-Lens-Douai, où les sols sont fortement artificialisés.

C’est pourquoi les élus écologistes incitent le préfet du Nord à mettre en place un Projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) sur le bassin Artois-Picardie. Concrètement, il s’agit « d’engager l’ensemble des usagers de ce territoire pour atteindre, dans la durée, un équilibre entre besoins et ressources disponibles en respectant la bonne fonctionnalité des écosystèmes aquatiques, en anticipant et en s’adaptant au changement climatique », selon les instructions gouvernementales datant de mai 2019.

Un déficit de pluviométrie de 80 %

Pour l’instant, le Nord n’en est pas doté, mais la situation hydrologique ne donne plus guère le choix. Un seul chiffre permet de se rendre compte de la situation. « Il n’est tombé, en février, à Lille, que 8 mm de pluie par rapport aux 50 mm attendus, soit un déficit de 80 % », alerte les élus écologistes, dans un communiqué. Le scénario le plus probable, retenu par Météo France, est un printemps plus sec que la normale.

Fin février, le ministre de la Transition écologique invitait même les préfets à « anticiper les mesures nécessaires à la préservation de la ressource en eau et veiller aux enjeux d’eau potable ». C’est dire si la situation est plus que préoccupante. D’autant que Météo-France confirme aussi que la recharge des nappes d’eau souterraines, cet hiver, a été modeste. Ce qui signifie, en langage courant, « insuffisante ». Il faut donc se préparer au manque d’eau et aux restrictions, devenu récurrentes d’une année à l’autre.

Un rapide coup d’œil sur le site EauFrance, le service d’information publique sur l’eau, confirme que « la sécheresse des sols tend à augmenter depuis les années 1990 ». Le phénomène semble donc inéluctable. Reste à s’adapter. Et parmi les propositions des écolos, certaines risquent de coincer : l’opposition à la création de nouvelles routes, mais aussi de retenus d’eau (appelées aussi mégabassines) qui privatisent la ressource au profit d’exploitations agricoles intensives.

Les retenus d’eau en question

« Une délibération sur la politique de l’eau doit avoir lieu en juin, au conseil départemental, souligne un porte-parole du groupe écologiste. Et nous avons peur de voir apparaître de tels projets de retenus d’eau qui sont une mauvaise solution. » De fait, il y a deux ans, une étude démontrait, pour la première fois, que le cycle naturel de l’eau – évaporation, condensation, précipitation, écoulement et retour à l’océan, avec ses pauses pour emplir des lacs et réservoir – se trouvait justement perturbé par ce genre d’initiative.

La préfecture du Nord qui devait présenter les premières pistes d’action, début mars, a dû reporter l’annonce à une date non encore connue. Preuve s’il en est, que les décisions qui seront prises envers les différents usagers de l’eau risquent de faire grincer les dents. En 1974, il a bientôt cinquante ans, lors de la campagne de l’élection présidentielle, René Dumont, vêtu de son traditionnel pull rouge, brandissait un verre d’eau en annonçant « Vous savez ce qu’il va se passer ? Et bien, nous allons bientôt manquer de l’eau ». Vous avez dit visionnaire ? C’était le premier candidat écolo en France.