Hauts-de-France : Commandes livrées mais annulées, deux cadres de Domino’s jugés pour avoir détourné (beaucoup) d’argent

Deux responsables liés à un réseau de franchises Domino’s Pizza dans les Hauts-de-France sont poursuivis pour avoir mis en place, entre 2017 et 2024, un système de fraude organisé dans plusieurs établissements de la chaîne. Le montant du préjudice total, incluant notamment des détournements de recettes et du travail dissimulé, est estimé à près de 1,6 million d’euros, selon les éléments présentés vendredi devant le tribunal de Béthune (Pas-de-Calais).
L’affaire a été révélée en 2022 par un ancien employé d’un restaurant de Béthune. Selon son témoignage, le gérant recevait chaque semaine la consigne d’annuler environ 500 euros de commandes pourtant bel et bien livrées. Les sommes détournées, en espèces ou en tickets-restaurant, étaient ensuite remises dans des enveloppes destinées au superviseur.
Une mécanique bien huilée
Ce modus operandi aurait été reproduit dans au moins six restaurants franchisés, selon les enquêteurs. L’argent ainsi récupéré aurait servi à financer des travaux dans plusieurs établissements, mais aussi dans une résidence secondaire du propriétaire, située dans le sud de la France.
Le préjudice total inclut à la fois le manque à gagner pour la maison mère Domino’s Pizza France, des cotisations sociales impayées, et des recettes détournées.
Deux versions qui s’opposent
À la barre, les deux prévenus ont reconnu leur participation, mais se rejettent mutuellement la responsabilité de l’origine du système. Le superviseur, âgé de 42 ans, admet avoir perçu 300 euros par mois en liquide, mais affirme avoir simplement suivi un fonctionnement qu’il aurait trouvé en place à son arrivée en 2016. « J’ai agi bêtement, sans réfléchir », a-t-il déclaré au tribunal.
Le propriétaire, un homme de 61 ans, affirme au contraire que le superviseur aurait exigé ce montage pour éviter une revalorisation salariale, préférant conserver ses droits sociaux.
Un procès sous tension
Lors de leur procès à Béthune (Pas-de-Calais), le procureur a requis quatre ans de prison, dont deux avec sursis, contre les deux hommes. Il a aussi demandé 300.000 euros d’amende pour le propriétaire des franchises et 50.000 euros pour le superviseur. Les deux mis en cause comparaissaient pour escroquerie, blanchiment d’argent et travail dissimulé en bande organisée, ainsi que pour participation à une association de malfaiteurs et subornation de témoins.
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La défense, de son côté, conteste la qualification de « bande organisée », qui alourdit la gravité des faits. Elle affirme également que la direction nationale de Domino’s Pizza France aurait eu connaissance de la situation, une affirmation formellement démentie par la marque, qui s’est constituée partie civile au procès. Le jugement a été mis en délibéré au 30 avril.