Haute-Saône : « Dès que j’ai forcé, ça a marché »… Comment l’accent franc-comtois a fait connaître le jeune Louca

«Salut les crevures ! » Dès le début de la plupart de ses vidéos, Louca donne le ton. Chez l’adolescent de 14 ans, pas question de faire de chichis. Il habite la Franche-Comté, précisément la Haute-Saône, et veut que ça se sache. Même s’il faut y aller un peu fort sur l’accent typique de la région.

« C’est simple : dès que j’ai commencé à le forcer, ça a marché », rigole l’intéressé, très tôt tombé dans les réseaux sociaux. « Depuis tout petit. Mes parents ne voulaient pas mais je les ai installés en cachette et quand ils l’ont découvert, c’était trop tard. J’ai eu mon premier téléphone à 7 ans mais sans la carte SIM. Puis au complet à mon entrée au collège. »

Le succès avec « des phrases de la campagne »

« A l’origine, il prenait notre portable et regardait les influenceurs », confirme sa mère Patricia, « pas du tout réseau, comme (s) mon mari ». Tout le contraire de leur fils. TikTok, Instagram, YouTube, le garçon a très vite tout essayé et devenu fan. « Je faisais des vidéos avec ma Nintendo DS. C’était tout pourri et heureusement que je ne pouvais pas les publier. Ça m’a évité plus tard d’envoyer n’importe quoi », reprend-il.

Son premier post à succès remonte au printemps dernier. « Je montais sur mon sac d’école et je disais des phrases de la campagne bien de chez nous. Comme “Vain dieu”, “tarbeuler” et d’autres. Ça avait fait 300.000 vues », détaille l’élève en classe de troisième. « Mais celle qui a encore plus marché, c’est quand j’ai provoqué les citadins en montrant la Saône. » Avec cette volonté, donc, d’opposer gentiment la ville au monde rural.

Son fonds de commerce ? Oui et non. « Sur les réseaux, il y a beaucoup plus de citadins qui percent. Mais dès que quelqu’un de la campagne y arrive aussi, ça plaît. Moi, je n’ai rien contre personne, sauf ceux qui critiquent où je vis sans connaître », explique le jeune homme, qui ne se contente pas de surfer sur ce fameux antagonisme.

La preuve, il a déjà évolué dans ses publications. Oui, son accent reste, mais l’adolescent propose aussi des courts-métrages, des petits clips, des alertes sur des “trend” dangereuses et surtout de la musique. Comme « le rap de la cambrousse », « Rapta dans le C15 » ou d’autres titres qui relatent son quotidien. « J’écris mes textes et je compose la musique avec un pote du village », reprend Louca. « J’adore vraiment ça et je suis un grand fan de Koba LaD et Zola. »

L’adolescent espère vivre de la musique plus tard. « Je suis sûr que ça va marcher. Pierre-Hugues José, qui est originaire d’un patelin à côté (pas loin de Gray), a prouvé qu’on pouvait parler de la campagne et réussir. Après, je ne pourrai pas faire que ça. Je veux que mes textes s’adressent à tout le monde. Là, je parle de ce que je vis, je ne vais pas parler de drogue comme beaucoup de rappeurs. Ce n’est pas mon monde. »

Et au cas où, ses parents veillent. « On essaie de l’accompagner et de le protéger au mieux », indique sa mère, qui a découvert malgré elle ce succès inattendu. « Au début, il nous parlait de 20 000 ou 30.000 vues puis ça a explosé d’un coup. On a décidé de le laisser vivre son expérience et de le soutenir dans son projet. C’est sûr qu’on se pose des questions mais on n’a pas de recul. »

L’actu des réseaux, c’est ici

Louca, lui, ne manque pas de projets. Outre le rap et prochainement « un troisième EP », il s’est lancé dans… un livre. « J’ai déjà prévu huit chapitres. Maintenant, il faut que je les écrive. C’est sur ma manière de voir la vie », détaille-t-il avec assurance. Lui qui se définit comme « le bon copain un peu couillon qui aime bien amuser la galerie », a déjà bien la tête sur les épaules. Les études ? Il le répète dans ses publications, ce n’est pas sa grande passion. « Mais je veux assurer jusqu’au bac et peut-être faire une formation dans l’immobilier. Au cas où, si mes vidéos ne marchent pas… »