France

Handicap : Le remboursement des fauteuils roulants « c’est un besoin, pas un luxe », témoigne Sarah

D’une centaine d’euros pour les plus basiques à près de 50.000 euros pour des modèles électriques spécifiques… Les fauteuils roulants font partie de la vie d’environ un million de Français. A partir du 1er décembre 2025, tous pourront y accéder sans dépenser le moindre centime. Emmanuel Macron a annoncé jeudi leur remboursement intégral par la Sécurité sociale. Et ce, à partir du 1er décembre. « Dès demain, la liste de tous les fauteuils qui seront pris en charge va sortir », a promis le chef de l’Etat dans une vidéo diffusée sur TikTok, assurant que cette liste était « très large ».

Sarah Salmona sera à coup sûr concernée. Cette professeure de Français dans les Yvelines, âgée de 39 ans, souffre d’une myopathie congénitale depuis sa naissance. Elle utilise un fauteuil roulant depuis ses 22 ans et en a depuis plusieurs fois changé. Souvent en les usant au maximum tant leur coût est élevé. Alors, forcément, ce remboursement est le bienvenu, comme pour des milliers de Français.

Comment accueillez-vous cette annonce ?

C’est une excellente nouvelle. Ça faisait un moment qu’on entendait parler de cette loi. Déjà l’été dernier, elle aurait dû passer mais il y avait eu la dissolution. J’attendais ce texte avec impatience, surtout que je dois changer mon fauteuil.

Concrètement, ça coûte combien d’acheter un fauteuil roulant ?

Le mien est à 13.000 euros. Il est électrique avec une option “lift” qui me permet de m’élever. Ça me facilite de nombreux gestes au quotidien pour me laver, m’habiller, en cours aussi… Je ne peux pas m’en passer, même si ça a un coût.

A quelle fréquence devez-vous le changer ?

Dans l’idéal, tous les cinq ans. Le mien a déjà dépassé la date et il est rouillé, on ne peut plus réparer les roulements, l’appuie-tête et les accoudoirs sont déchirés, les batteries fatiguent… C’est normal, je suis tout le temps dessus, à l’intérieur comme à l’extérieur. A part quand je dors.

Comment étiez-vous remboursée jusqu’ici ?

Le taux fixé par la Sécurité sociale est de 3.680 euros pour mon fauteuil. Après, il me reste pas loin de 10.000 euros à trouver et il y avait plusieurs solutions. Je pouvais prendre une mutuelle, contre 120 euros par mois, et ça me permettait d’avoir un reste à charge final de 2.000 euros. Ce n’est pas rien ! Avec mon salaire de professeure de français à mi-temps, environ 1.200 euros par mois, et mes 400 euros d’AAH (Allocation aux adultes handicapés), c’est dur de sortir cette somme…

N’est-il pas possible d’obtenir d’autres aides ?

On peut faire appel aux Maisons départementales pour les personnes handicapées (MDPH) mais les délais sont très longs et il y a beaucoup de papiers à remplir… Sinon, je sais que de nombreuses personnes ont lancé des cagnottes sur Internet pour obtenir de l’aide. Ce n’est pas mon cas.

Alors comment faisiez-vous pour boucler ce budget ?

Ce sont mes parents qui m’ont aidé à le financer. Je suis en fauteuil depuis mes 22 ans et à 39 ans, ce n’est que mon cinquième fauteuil. Je n’ai pas changé tous les cinq ans, je les ai usés jusqu’au bout. Dans le handicap, tout est cher. Par exemple, je dois changer les quatre roues environ tous les trois mois. A chaque fois, c’est environ 180 euros à sortir. Pour être plus autonome, il me faudrait aussi une voiture adaptée. Là, on parle de 30.000 euros. Si je veux le faire un jour, je lancerai une cagnotte. A mon âge, on n’a plus envie d’être aidé financièrement par ses parents.

Avez-vous déjà pensé à renoncer à certains équipements indispensables par manque de moyens ?

Mon fauteuil n’est plus vraiment adapté à mes besoins mais je vais l’utiliser encore un peu. Ça va encore. Ce remboursement complet des fauteuils roulants, c’est un besoin, pas un luxe.