Halloween : Les déguisements pour bébés, un business en pleine expansion
Plus de 400.000 publications sont taguées des mots-dièses #halloweenbaby, #halloweenbabycostumes et #halloweenbabyclothes sur Instagram. Selon une étude d’octobre 2024 de l’Office for Product Safety and Standards (OPSS), 80 % des déguisements d’Halloween pour enfants commercialisés sur Internet présentaient un danger.
La fête d’Halloween approche, et il se pourrait que vous décidiez de déguiser vos petits en citrouille, en « gentil fantôme » ou en chauve-souris. Sur Instagram, plus de 400.000 publications portent les mots-dièse #halloweenbaby, #halloweenbabycostumes et #halloweenbabyclothes, mettant en avant des nourrissons et des bébés.
Cette année, Manon, mère d’un nourrisson à Grenoble, a décidé de sauter le pas. Elle a acheté en ligne un costume de citrouille pour son enfant de 15 mois. « Je sais qu’il ne portera ce déguisement qu’une fois… mais qu’il sera trop mignon dedans », témoigne cette mère, qui projette de faire des photos dont son enfant aura « honte puissance 1.000 à l’adolescence ». En termes de budget, un costume peut coûter entre 10 et 35 euros en magasin, alors que les plateformes asiatiques en ligne proposent des déguisements encore moins chers.
### Un budget moyen de 85 euros pour Halloween
Manon ne sera pas la seule à fêter cet événement qui a gagné en popularité en France, inspiré par les États-Unis. Selon une étude OpinionWay pour Bonial publiée en octobre 2024, le budget moyen des Français pour Halloween s’élève à 85 euros, et plus d’un Français sur quatre (28 %) qualifie cette fête de « temps fort commercial ». Les bonbons sont en tête des dépenses, suivis des déguisements et des accessoires, avant les décorations, qui sont souvent achetées dans des enseignes peu chères et en ligne comme Action, Gifi et Amazon.
D’après un rapport du cabinet Data Horizzon, le marché mondial des costumes d’Halloween était évalué à 3,3 milliards de dollars en 2024, avec l’Amérique du Nord en tête (2,3 milliards), suivie de l’Europe (1,5 milliard) et de l’Asie-Pacifique (1 milliard). Les projections de ce cabinet estiment que les ventes de costumes d’Halloween pourraient atteindre 5,1 milliards de dollars en 2033. Concernant les costumes de bébé, ils représentent actuellement une niche dans ce marché, avec 2 % du total, selon le cabinet Focend.
### « Une évolution de la cible »
Vincent Grégoire, directeur du département « études et consommateurs » de l’agence de conseil NellyRodi, explique que « la fête d’Halloween, en commandes de produits, est devenue presque équivalente à celle de Noël et a trouvé sa place dans ce qui était jusqu’alors un creux entre la rentrée et Noël ».
Eric Miternique, fondateur de l’agence Pulse, ajoute : « Les déguisements d’Halloween pour les nourrissons, comme ceux pour les animaux domestiques, représentent une évolution de la cible, qui était jusqu’alors les déguisements d’enfants et pour adultes. C’est à 100 % mercantile. Mais cela fonctionne bien car c’est très visuel, avec des déguisements colorés qui rendent bien sur les réseaux sociaux, créant un phénomène d’entraînement ».
Le succès commercial de cette tendance trouve son origine dans des peurs, selon les deux experts. Eric Miternique souligne que « les crises, en France comme à l’étranger, poussent les gens à se tourner vers la sphère familiale et amicale, et donc à investir cette fête qui n’a pas de caractère religieux ». Vincent Grégoire abonde en ce sens : « Halloween revêt une symbolique païenne universelle. On joue à se faire peur en exorcisant nos angoisses de la mort. Les parents projettent sur leurs enfants leurs frayeurs. Et pour les exorciser, ils jouent avec elle, la retournent en les déguisant, en changeant d’identité, en travestissant la réalité ».
### Attention aux costumes
Pour ceux qui envisagent de déguiser leurs enfants en araignée ou en squelette, il est crucial de faire attention aux costumes et accessoires qui pourraient contenir des substances indésirables, allergisantes ou dangereuses pour la sécurité. Selon une étude d’octobre 2024 de l’Office for Product Safety and Standards (OPSS), une agence gouvernementale britannique, 80 % des déguisements d’Halloween pour enfants vendus sur Internet présentent un danger, échouant aux tests de sécurité de base, notamment ceux concernant l’inflammabilité et le risque d’étranglement causé par les cordons.
Cette année, l’association française 60 millions de consommateurs met également en garde contre des paillettes cosmétiques « écologiques », qui ne seraient pourtant pas sans impact sur l’environnement.

