Guyane : Darmanin calme et le jeu et se justifie après les critiques sur la future prison de Saint-Laurent

En déplacement en Guyane lundi, Gérald Darmanin a tenté d’éteindre la polémique née du projet d’un quartier de haute sécurité dans la future prison de Saint-Laurent-du-Maroni, attendue d’ici 2028. Ce centre pénitentiaire de 500 places, situé à quelques kilomètres de la ville frontalière du Suriname, avait déjà été annoncé comme une réponse au surpeuplement carcéral local. Mais la révélation, par le Journal du Dimanche, que cet établissement pourrait accueillir des narcotrafiquants, fichés S ou détenus radicalisés a ravivé des tensions, notamment autour d’un possible transfert depuis la métropole.
Face aux critiques des élus locaux, qui y voient un « retour du bagne », Gérald Darmanin a rectifié : « Ce quartier de haute sécurité n’a pas vocation à accueillir des détenus venus de l’Hexagone », a-t-il assuré en marge de sa visite du centre pénitentiaire saturé de Rémire-Montjoly. Selon lui, la situation locale justifie la création de cette unité : « Il y a très largement de quoi faire parmi la délinquance, la criminalité en Guyane et aux Antilles. »
Isoler les narcotrafiquants de Guyane et des Antilles
Le ministre a précisé que la future prison comprendra « une soixantaine de places » spécifiquement conçues pour « isoler totalement ces narcotrafiquants de Guyane et des Antilles ». L’objectif est clair : « éloigner durablement les têtes de réseau du narcotrafic », afin qu’« ils ne puissent plus avoir aucun contact avec leurs filières criminelles ».
Mais le symbole reste lourd pour Saint-Laurent-du-Maroni, ville de plus de 50.000 habitants et ancienne porte d’entrée du bagne colonial. De 1850 à 1938, des milliers de forçats y ont débarqué pour être enfermés en pleine jungle amazonienne. Le nouveau projet ravive cette mémoire douloureuse.
La Guyane, territoire le plus criminogène de France
La prison, promise depuis des années, devait initialement ouvrir en 2026. Gérald Darmanin a cependant rappelé que « le permis de construire n’est même pas signé », soulignant les retards administratifs. Elle vise notamment à soulager le centre de Rémire-Montjoly, qui accueille 1.100 détenus pour seulement 614 places, selon le syndicat UFAP-Unsa Justice.
Notre dossier sur les prisons
La Guyane, territoire le plus criminogène de France en proportion, connaît une explosion de la violence. En 2023, le département a enregistré un taux d’homicides de 20,6 pour 100.000 habitants, contre une moyenne nationale de 1,5. Par ailleurs, Saint-Laurent-du-Maroni, est devenue une plaque tournante du trafic de cocaïne vers l’Europe.