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Guerre Israël-Hamas : « Les plus vulnérables ne sont pas en sécurité » à Gaza-ville, ONG suspendent opérations

Le 1er octobre, Handicap international a annoncé la suspension de ses opérations à Gaza en raison des bombardements intensifiés, selon Sharaf Al Fawaqi. Le comité international de la Croix-Rouge a également déclaré le 1er octobre qu’il était « forcé de suspendre temporairement » ses opérations à Gaza et de transférer son personnel au sud de la bande Gaza.


Portes closes et espaces de soins inaccessibles. Les ONG encore présentes à Gaza annoncent, l’une après l’autre, la suspension de leurs opérations d’aide humanitaire face à l’intensification des hostilités. Israël a lancé, le 1er octobre, un dernier avertissement pour évacuer ce secteur soumis à des bombardements intensifs et meurtriers, tandis que la seule route reliant le nord au sud de la bande de Gaza sera fermée. « Compte tenu de cette situation, nous avons déjà suspendu nos opérations dans cette ville », a déclaré Sharaf Al Fawaqi, responsable régional pour Gaza de Handicap International, lors d’une visioconférence mercredi après-midi.

Dans un communiqué du 1er octobre, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a également annoncé qu’il « est forcé de suspendre temporairement » les activités de son bureau à Gaza, transférant ainsi son personnel vers le sud, à Deir al-Balah et Rafah, « afin d’assurer leur sécurité et la continuité de ses opérations ». Médecins sans frontières avait également indiqué le 27 septembre qu’il n’avait d’autre choix que de « stopper leurs activités médicales pourtant vitales dans la zone ».

Depuis le 16 septembre, date de l’offensive majeure israélienne à Gaza-ville, considérée par l’armée comme un bastion du Hamas, des centaines de milliers de Palestiniens ont fui. D’autres, comme Rabah al-Halabi, 60 ans, qui vit sous une tente, affirment que « toutes les zones sont dangereuses » et que « les bombardements sont partout ». « C’est la dernière occasion pour les habitants de Gaza-ville qui le souhaitent de se déplacer vers le sud », avait averti le ministre de la Défense, Israël Katz. Ceux qui choisissent de rester seraient « considérés comme des terroristes ».

À Gaza-ville, cinquante employés étaient affectés à Handicap International. « Il n’en reste plus que sept », raconte Sharaf Al Fawaqi. « Pour être honnête, nous ne sommes pas sûrs qu’ils puissent passer dans le sud. Ils gardent espoir qu’un cessez-le-feu sera bientôt mis en place et repoussent leur décision de partir, car c’est une décision très difficile à prendre que de perdre ses souvenirs et sa vie. » Pendant ce temps, le Hamas continue d’examiner le plan américain, qui propose un cessez-le-feu, la libération des otages retenus à Gaza dans un délai de 72 heures, le désarmement du mouvement palestinien, un retrait israélien progressif et la mise en place d’une autorité de transition dirigée par Donald Trump, un allié d’Israël.

D’après Sharaf Al Fawaqi, qui se trouve à Deir al-Balah, des personnes sont déplacées de force de la ville de Gaza vers le sud, mais la population souffre d’un manque de ressources. « Il manque des abris, des tentes, des kits de cuisine, de la nourriture, du carburant et un accès aux services de santé », énumère-t-il. « À Gaza, nous travaillons en réalité dans un espace qui se réduit de jour en jour, constate-t-il, avec un stress et une tension permanents. »

Néanmoins, comme le rappelle le CICR, les civils qui choisissent de quitter Gaza-ville ou d’y rester doivent être protégés conformément au droit international humanitaire. « Les personnes les plus vulnérables – les nourrissons dans les services de soins néonatals, les personnes gravement blessées et malades – sont incapables de se déplacer et sont en grand danger », a alerté Jacob Granger, coordinateur des programmes d’urgence de Médecins sans frontières à Gaza.

Depuis les attaques du 7 octobre 2023 menées par le Hamas contre Israël, ce dernier mène une offensive sans relâche à Gaza, entraînant des dizaines de milliers de morts, mettant à mal le territoire assiégé et provoquant une crise humanitaire sans précédent en deux ans. « Un génocide est en cours à Gaza », souligne Anne-Claire Yaeesh, directrice nationale du programme Palestine chez Handicap International. « À cause du blocus, tous les services essentiels, tels que l’accès à la nourriture, à la santé, à l’éducation, se sont effondrés. Tout le monde est conscient de la famine qui sévit actuellement. »

Elle souligne également le manque de fournitures telles que les prothèses, les fauteuils roulants ou les béquilles, dont les stocks seront totalement épuisés en décembre. Une majorité de personnes handicapées ayant perdu leurs appareils dans la bande de Gaza ne peuvent donc pas fuir ni accéder aux services essentiels. Comme le CICR ou MSF, Handicap International réclame un cessez-le-feu immédiat, la protection des civils et un acheminement sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.