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Guerre en Ukraine : Un tableau retiré d’un musée de Londres pour sa ressemblance avec Poutine ? C’est faux

« Notre folle russophobie a atteint de nouveaux sommets », s’insurge une publication mise en ligne samedi dernier sur Facebook. D’après l’internaute, la London National Gallery devrait retirer un tableau de Van Eyck de 1434 car le personnage masculin « ressemble à Poutine ». « Si nous voulons avoir la maturité culturelle de Daech, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et le brûler », poursuit l’internaute.

Si effectivement, nous ne pouvons pas nier l’étrange ressemblance du personnage avec le président russe, le tableau est loin de le représenter et ne devrait pas être retiré de sitôt de la collection du musée londonien. 20 Minutes fait le point.

FAKE OFF

Le tableau en question nommé « Les époux Arnolfini » a été peint en 1434 par le peintre flamand Jan Van Eyck. On y voit deux personnages, un homme à la tenue sombre et au visage froid tenant la main d’une femme, visiblement enceinte. D’abord exposé à la British institution en 1841, puis à la British National Gallery en 1843, le tableau a suscité de nombreux mystères. Quelle était réellement la relation entre les deux personnages présents sur la peinture ? La femme vêtue d’une robe verte était-elle vraiment enceinte ? Était-ce son époux avec le haut-de-forme et la cape ?

Au fil du temps, les recherches des historiens ont finalement conclu que l’homme représenté était un riche marchand toscan nommé Giovanni di Nicolao Arnolfini, accompagné de sa femme. Une hypothèse qui divise toujours aujourd’hui. D’autres chercheurs estiment que Jan Van Eyck aurait voulu se représenter lui-même, avec sa femme. En effet, au-delà des ressemblances avec Vladimir Poutine imaginées aujourd’hui, l’homme au chapeau aurait également les mêmes traits que les autoportraits du peintre flamand.

Des mystères toujours à Londres

Mais ce tableau est aussi devenu célèbre pour son ingéniosité. En fond par exemple, sur le mur derrière les époux, un miroir reflète une autre scène et présente de nouveaux personnages cachés, un en rouge et l’autre en bleu. Qui sont-ils ? Des hommes d’Église ? Jan Van Eyck lui-même ? D’autres détails sont également représentatifs du génie de l’artiste. Au-dessus du miroir, une inscription est laissée sur le mur. « Jan Van Eyck fut ici, 1434 », est-il marqué. Une nouveauté pour l’époque, où les artistes ne laissaient habituellement pas de signature.

Nous ne pouvons donc nier l’importance de ce tableau à travers les siècles pour les mystères et la technicité laissés par le peintre flamand. Qui plus est, la peinture a nettement été reprise dans la pop culture, par exemple dans le générique de la célèbre série Desperate Housewives. Raison de plus pour penser que la British National Gallery n’aurait aucune volonté à retirer ce tableau.

Contacté par 20 Minutes, le musée londonien confirme que le tableau est toujours exposé au sein de la British National Gallery, dans la salle 28 plus exactement. « Il n’est pas prévu de retirer ce tableau de l’exposition », conclut la direction du musée.