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Guerre en Ukraine : Ressources naturelles, aides des Etats-Unis, échange de territoires… Zelensky plaide sa cause

Dans une interview exclusive accordée au Guardian, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a mis en garde contre un retrait américain du soutien à l’Ukraine, affirmant que l’Europe seule ne serait pas en mesure de combler ce vide sécuritaire. « Il y a des voix qui disent que l’Europe pourrait offrir des garanties de sécurité sans les Américains, et je dis toujours non », a-t-il déclaré. « Sans l’Amérique, ce ne sont pas de vraies garanties de sécurité », a-t-il insisté.

Alors qu’il se prépare à se rendre à la Conférence de Munich sur la sécurité, Volodymyr Zelensky cherche à convaincre l’administration Trump de maintenir le soutien militaire américain. Il entend notamment séduire Washington en offrant des contrats lucratifs de reconstruction et des concessions sur les ressources naturelles ukrainiennes.

Offensive diplomatique pour convaincre Trump

L’Ukraine doit faire face à une nouvelle réalité : le scepticisme croissant de Donald Trump à l’égard de l’aide américaine. Dans une interview à Fox News, le président a critiqué les milliards de dollars envoyés à Kiev et suggéré que les Etats-Unis devraient récupérer cet argent.

Conscient de ces réticences, le président ukrainien mise sur les opportunités économiques pour séduire l’administration Trump. « Ceux qui nous aident à sauver l’Ukraine pourront participer à sa reconstruction », a-t-il affirmé. Il entend ainsi présenter aux Etats-Unis un plan détaillé incluant l’exploitation des terres rares ukrainiennes, un sujet qui aurait déjà attiré l’attention de Donald Trump.

Organiser au plus vite une rencontre avec Donald Trump

L’Ukraine possède les plus grandes réserves d’uranium et de titane en Europe, et Volodymyr Zelensky souligne que leur passage sous contrôle russe représenterait un risque stratégique pour Washington. « Nous parlons non seulement de sécurité, mais aussi d’argent », a-t-il déclaré, suggérant des profits importants pour les entreprises américaines.

A Munich, Volodymyr Zelensky espère rencontrer J.D. Vance, vice-président américain et proche de Donald Trump, connu pour ses positions hostiles envers l’Ukraine. L’an dernier, J.D. Vance avait refusé de le rencontrer et avait déclaré qu’il ne se souciait pas du sort de l’Ukraine. Si aucun rendez-vous n’est encore fixé avec Donald Trump, l’équipe de Volodymyr Zelensky travaille activement à organiser une rencontre.

Des signaux inquiétants pour Kiev

Le président ukrainien met également en avant le rôle crucial du soutien militaire américain, notamment les systèmes de défense Patriot. « Seuls les Patriots peuvent nous protéger de tous les types de missiles », a-t-il insisté, soulignant que les systèmes européens ne suffiraient pas.

Depuis l’investiture de Donald Trump, plusieurs signaux alarmants sont apparus pour l’Ukraine. Le gel des financements de l’USAID a mis en péril des centaines de projets humanitaires et sociaux, tandis que Trump a déjà confirmé avoir échangé avec Vladimir Poutine, sans en dévoiler les détails. Volodymyr Zelensky souhaite que les Etats-Unis rencontrent une délégation ukrainienne avant toute discussion avec Moscou, mais il évite de critiquer frontalement Trump. « C’est sa décision personnelle », a-t-il commenté prudemment.

Une paix sous conditions

Si Donald Trump parvient à ramener l’Ukraine et la Russie à la table des négociations, Volodymyr Zelensky est prêt à proposer un échange territorial. Il a révélé que l’Ukraine détient des territoires en Russie depuis une offensive surprise dans la région de Koursk, et serait prête à les échanger contre des territoires ukrainiens occupés par Moscou. « Nous échangerons un territoire contre un autre », a-t-il déclaré, sans préciser quelles zones ukrainiennes seraient concernées.

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Alors que Trump plaide pour que l’Europe prenne en charge la paix en Ukraine, Emmanuel Macron a évoqué l’idée d’une force de maintien de la paix européenne. Mais pour Volodymyr Zelensky, une telle mission ne fonctionnerait que si elle était massive. « Si c’est une force de 100.000 à 150.000 soldats, alors oui », a-t-il concédé, tout en restant sceptique sur l’efficacité des missions de l’ONU.