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Guerre en Ukraine : Premier drone naval frappe un sous-marin russe

Des drones sous-marins « Sub Sea Baby » « ont détruit un sous-marin russe de classe 636.3 « Varshavyanka », amarré dans le port de Novorossiïsk, en mer Noire », ont annoncé lundi les services de sécurité ukrainiens (SBU) dans un communiqué. Le marché mondial de la robotique sous-marine, évalué à 3 milliards de dollars en 2023, est appelé à croître d’environ 17 % par an pour atteindre 13 milliards en 2032.


Il s’agirait d’une première historique. Des drones sous-marins « Sub Sea Baby » auraient détruit un sous-marin russe de classe 636.3 « Varshavyanka » (classe Kilo, selon l’Otan), amarré dans le port de Novorossiïsk, en mer Noire, ont annoncé lundi les services de sécurité ukrainiens (SBU) dans un communiqué. « L’explosion a gravement endommagé le sous-marin, le rendant inutilisable ».

« À bord du sous-marin se trouvaient quatre lanceurs de missiles de croisière Kalibr, que l’ennemi utilise pour frapper le territoire ukrainien », ajoute le SBU. Ce dernier précise que « le coût d’un sous-marin de classe Varshavyanka est d’environ 400 millions de dollars ». La Russie n’a pas communiqué immédiatement sur ces affirmations ukrainiennes. Ce type de sous-marin d’attaque conventionnel est fabriqué depuis les années 1980 et, selon des analystes militaires, la Russie en possède plus d’une trentaine.

### « Drone Sea Baby » ou « Maritchka » ?

Stéphane Audrand, spécialiste de la maîtrise des risques en milieux sensibles, alertait déjà, dans un article rédigé en juin dernier pour l’Institut français des relations internationales (Ifri), sur la menace des « vecteurs sous-marins autonomes » contre les forces navales, jugées « insuffisamment préparées ».

Contacté par *20 Minutes* ce mardi, il indique que « nous ne savons pas grand-chose sur cette opération » et qu’il convient de rester prudent à ce stade. « On voit une explosion sur les images fournies par l’Ukraine, mais cela peut très bien être une mine posée par des plongeurs de combat… Quand les drones de surface attaquent un pétrolier, les Ukrainiens fournissent énormément de vidéos. Là, il n’y en a pas, puisque cela se passe sous l’eau », un milieu où il est difficile d’envoyer des images.

De plus, même si l’on confirme qu’il s’agit bien d’une attaque de drone sous-marin, le modèle reste inconnu. « Les Ukrainiens disent que c’est un Sea Baby, mais cela pourrait très bien être un Maritchka. Ce dernier est un vrai drone sous-marin tandis que le Sea Baby est un drone de surface, que les Ukrainiens s’efforcent de rendre un peu submersible en naviguant juste sous la surface. Ce qui serait plus simple à manœuvrer que gérer un vrai drone sous-marin. »

### Faudra-t-il « remettre des filets dans les ports » pour les sécuriser ?

Si cette opération est avérée, elle serait « très intéressante », souligne l’expert. Elle soulève notamment la question de la sécurisation des marines de guerre dans les ports, qui devront retrouver des réflexes perdus depuis les deux guerres mondiales, durant lesquelles il fallait faire face à la menace des nageurs de combat dans les rades. Pour se protéger, elles pourraient être dans l’obligation de « remettre des filets dans les ports, voire sécuriser les entrées et les sorties des ports, c’est-à-dire de revenir à une situation où l’on peut être frappé n’importe quand, n’importe où, sachant que détecter de petits objets, lents, sous l’eau, est très difficile. »

En outre, robotiser et droniser des attaques effectuées auparavant par des nageurs de combat permettrait « de maintenir une pression permanente sur les bases adverses, de jour comme de nuit, par n’importe quel temps », car ces objets peuvent être utilisés de manière plus fréquente que des nageurs, dont les opérations restent dangereuses.

L’expert souligne également que « ce même type de drone pourrait être utilisé dans un port civil, sur un bateau de croisière lors d’attaques terroristes ou sur des navires de commerce, et absolument rien n’est pensé pour s’en protéger. »

### « Un peu optimiste en me disant que nous avions encore deux ou trois ans devant nous… »

À terme, « comme pour les drones aériens, le parc mondial des robots et drones sous-marins sera composé en grande majorité d’appareils robustes, simples, conçus à partir de composants et de matériaux largement disponibles sur les marchés », écrit Stéphane Audrand dans son article pour l’Ifri. C’est précisément cet écosystème technologique mondial qui a permis à l’Iran de développer le drone Shahed 136, utilisé depuis 2020 et symbole de cette démocratisation de la frappe dans la profondeur. Il y a fort à parier que son équivalent sous-marin sera produit avant 2030…

Des spécialistes de la guerre sous-marine affirmaient qu’il restait encore dix ans avant une telle évolution. Pour ma part, je tablais sur deux ou trois ans, et j’étais encore un peu optimiste, puisque apparemment, nous y sommes déjà », analyse aujourd’hui l’expert. Le marché mondial de la robotique sous-marine, évalué à 3 milliards de dollars en 2023, est appelé à croître d’environ 17 % par an pour atteindre 13 milliards en 2032.