Guerre en Ukraine : La moitié des 18-30 ans prêts à s’engager dans l’armée en cas de conflit en France

«Nous sommes en guerre. » Certes, Emmanuel Macron n’a pas eu besoin de ressortir cette déclaration datant du Covid-19 mercredi soir, lors de son allocution. Mais le ton y était, et le public presque prêt à l’entendre. Car selon la dernière enquête #MoiJeune de 20 Minutes, menée auprès des 18-30 ans avec notre partenaire OpinionWay *, environ trois jeunes sur quatre se montraient favorables à une augmentation du budget de la Défense avant même la prise de parole du président.
Si la guerre en Ukraine a installé une inquiétude en toile de fond depuis trois ans, « l’instabilité apportée par la nouvelle administration américaine a réactivé ces craintes », explique Guillaume Inigo, responsable des études institutionnelles chez OpinionWay. Conséquence, les jeunes estiment très largement que la guerre en Ukraine (85 %) et la diplomatie américaine (82 %) menée par le camp Trump constituent les principales menaces pour la stabilité mondiale, assez loin devant le conflit Israël-Palestine (62 %).
Donald Trump, l’élément perturbateur
« Cela rejoint notre enquête précédente sur leur perception de Donald Trump », pointe le sondeur. En effet, peu après l’investiture du républicain au mois de janvier, plus de 8 jeunes sur 10 de notre panel le rejetaient, le qualifiant de « fou », « dangereux » et « sexiste », et plaçaient son influence sur la stabilité mondiale au premier rang de leurs préoccupations le concernant. Dans notre nouvelle enquête dévoilée ce lundi matin, 56 % des répondants estiment que la politique du président américain constitue une menace « très importante », et 29 % « assez importante », pour la paix. Près de trois jeunes sur quatre craignent même l’irruption d’une guerre nucléaire, à court ou moyen terme.
« L’élection de Donald Trump a accéléré certaines tendances », reprend Guillaume Inigo. En mars 2022, au début de la guerre en Ukraine, seuls 49 % des membres du panel #MoiJeune se déclaraient en faveur d’une augmentation du budget de l’armée. De même, « l’opinion se remobilise sur des sujets » comme le retour du service militaire, une perspective approuvée par 32 % du panel. « Avec peu d’écarts entre les hommes et les femmes », note Clément Royaux, chef de projet chez OpinionWay. Toutefois, il s’agit « d’un a priori positif plutôt que d’enthousiasme, c’est plus facile de dire « oui » tant que la perspective n’est pas vraiment là », tempère-t-il.
La Russie pas près d’être pardonnée
D’ailleurs, si près d’un jeune sur deux, dont 37 % chez les femmes, se dit prêt à s’engager dans l’armée en cas de conflit – « des chiffres élevés » – admet Clément Royaux, la plupart envisagent plutôt des postes de soutien. Et le conflit direct n’étant pas d’actualité, l’attrait de l’armée n’évolue qu’à la marge. Ainsi, le contexte international n’a poussé que 5 % des répondants à réfléchir à une carrière dans l’armée. Et parmi ceux prêts à passer le cap, tous ne veulent pas d’un service militaire. « Il y a une différence entre « moi je veux y aller » et le modèle de société qu’on veut », souligne Clément Royaux.
Conscients des dangers, les jeunes composent déjà avec les différents scénarios pour l’avenir. Signe de la fracture avec Donald Trump, 63 % des répondants envisagent un retournement de l’alliance entre la France et les Etats-Unis, à court terme pour la moitié d’entre eux. « C’est marquant, car il s’agit d’un allié historique depuis la Première Guerre mondiale », remarque Guillaume Inigo. Quelque 76 % estiment l’UE capable de se défendre seule (49 % difficilement). Quant à la Russie, « quelque chose s’est cassé » : même si un accord de paix était signé – une perspective encore lointaine – 56 % des jeunes voudraient continuer à garder une certaine distance avec la Russie malgré la reprise de liens diplomatiques, et 17 % souhaiteraient même voir la France couper tout lien avec Moscou.
* Enquête menée en ligne auprès de 314 personnes représentatives de la société française, âgée de 18 à 30 ans, selon la méthode des quotas, entre les 3 et 5 mars 2025.