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Guerre en Ukraine : Formée en France, la brigade Anne de Kiev a été dispersée en Ukraine et compte plein de désertions

Depuis un mois, l’Ukraine est secouée par les scandales qui entourent la brigade Anne de Kiev. Cette formation militaire, formée partiellement en France, est accusée d’avoir été victime d’un « chaos organisationnel complet ». Contacté, le ministère des Armées français confirme avoir formé la brigade « dans les camps de Champagne d’octobre à décembre 2024 », une spécificité de la France, la seule à « avoir formé une brigade ainsi composée ».

Au total, 2.000 hommes ont été « formés au combat interarmes ». Dans un dossier de presse sur la formation des forces armées ukrainiennes, le ministère des Armées assure que « l’offre française est intégrée. Elle vise à pouvoir être exploitée directement sur le champ de bataille et à créer un avantage décisif. Elle vise également à produire des effets durables ». Malheureusement, à son retour en Ukraine, la brigade Anne de Kiev aurait été victime d’une mauvaise gestion.

« Colmater les trous »

L’état-major ukrainien est notamment accusé d’avoir dispersé ces combattants pour « colmater les trous » des effectifs de l’armée ukrainienne. « Globalement, les différentes compagnies formées ont été ventilées sur diverses lignes de front », confirme sobrement le ministère des Armées français. Autre problème, de taille, sur les 4.500 soldats qui la compose (dont la moitié est passée par l’Hexagone pour se former), 1.700 soldats auraient déserté. La plupart d’entre eux auraient d’ailleurs abandonné leur poste avant même d’être déployé sur le front.

Une cinquantaine durant leur formation, en France. Mercredi, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a évoqué le chiffre de « 55 désertions » en France sur Europe 1. De nombreux membres de cette brigade du nom d’une princesse de Kiev qui est devenu reine des Francs en épousant Henri Ier au XIe siècle auraient été envoyés à Pokrovsk, dans l’est de l’Ukraine. C’est le cœur névralgique du conflit, là où la Russie assure obtenir des victoires territoriales régulières. Les membres de la brigade Anne de Kiev étaient pourtant des conscrits, des débutants, qui venaient seulement d’être formés.

Communication et arrestation

Le ministère des Armées français a refusé de commenter la gestion de la brigade à son retour sur les terres ukrainiennes. Toutefois, face à l’ampleur des critiques, Mykhailo Drapatyi, le commandant ukrainien de l’armée de terre s’est rendu près du front. Dans une interview à plusieurs médias dont RFI, il estime que « le mot « chaos » n’est pas admissible en Ukraine et encore moins dans l’armée ».

« Il y a eu des problèmes en termes de personnel, de formation et en partie de composition de l’équipe », admet-il tout en assurant que « la brigade [Anne de Kiev] se bat et inflige des pertes à l’ennemi ». Preuve du branle-bas de combat qu’ont provoqué ces accusations, l’un des commandants d’unité de la brigade a été arrêté ce mercredi. D’après le Bureau d’enquête ukrainien (SBI), cet homme avait « non seulement quitté le service mais également incité ses hommes à le faire ». Difficile toutefois de vérifier si, comme l’affirme Mykhailo Drapatyi, ces problèmes sont bien « en train d’être résolus ».