France

Guerre en Ukraine : Ça consiste en quoi réellement être réserviste en France ?

«Engagez-vous, rengagez-vous, qu’ils disaient… » Les termes sont un peu plus policés et solennels, mais c’est en substance de discours que serine inlassablement Sébastien Lecornu depuis plusieurs semaines. Ce jeudi encore, chez nos confères de France Inter, le ministre des Armées a rappelé la « multiplication des sollicitations » de nos forces armées, environ 200.000 soldats, citant les JO de Paris 2024 ou Mayotte en exemple.

Dans un contexte de tensions grandissantes avec la Russie, Sébastien Lecornu a réaffirmé sa volonté d’augmenter le nombre de réservistes des armées. Des réservistes, presque tout le monde en a croisé dans sa vie, mais souvent sans le savoir, ou sans savoir ce que cela signifie réellement. Pour bien comprendre en quoi cela consiste, on fait le point.

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

En « sentinelle » comme dans la cybersécurité

Un réserviste est une personne de la société civile, avec une vie, un métier comme tout un chacun, mais qui s’engagent volontairement pour aider la défense nationale. Si beaucoup de réservistes sont d’anciens engagés, aucune expérience militaire n’est requise pour intégrer la réserve.

Il existe deux types de réserves. La réserve opérationnelle pour les volontaires qui aident les militaires sur le terrain, et la réserve citoyenne de défense et de sécurité (RCDS) qui concerne des civils bénévoles qui détiennent des compétences utiles pour la défense nationale, par exemple dans le renseignement ou dans la cybersécurité (dans le cadre d’attaques informatiques par exemple). Ils sont actuellement environ 4.000.

Armées, gendarmerie, police… Tous dans la Garde nationale

La réserve opérationnelle regroupe les volontaires des armées de Terre, de l’armée de l’Air et de l’Espace et de la Marine (44.000 personnes au 1er octobre 2024), qui dépendent du ministère des Armées et les réservistes de la Gendarmerie nationale et de la police nationale (40.000 personnes) qui répondent, elles, au ministère de l’Intérieur. Au total, cela représente 84.000 personnes. Un chiffre que le ministre des Armées souhaiterait voir rapidement augmenter à 105.000 unités avec un objectif de 160.000 en 2030.

A ceux-là, on peut ajouter près de 60.000 militaires de métiers, ou « de l’active », à la retraite mais qui peuvent être rappelés dans les cinq ans qui suivent la fin de leur engagement. Tous ces réservistes sont regroupés dans la Garde nationale, crée en 2016.

Trente jours de service (rémunérés) par an en moyenne

Pour intégrer la réserve opérationnelle et aider les militaires sur le terrain, il faut d’abord remplir cinq conditions : avoir la nationalité française, avoir entre 17 et 72 ans, être apte médicalement, être en règle au regard du service national (Service militaire ou Journée d’appel à la Défense) et justifier d’un casier judiciaire vierge.

Les réservistes s’engagent entre une et cinq années (renouvelables) et sont rémunérés de 40 à 200 euros (non assujettis à l’impôt), suivant leur grade et leur affectation, en plus du remboursement des déplacements et peuvent être déployés 60 jours par an au maximum, après une formation militaire de base de douze jours.

Ce niveau peut monter exceptionnellement à 210 jours pour les emplois présentant un intérêt de portée nationale ou internationale. Selon la Garde nationale, en moyenne, les réservistes servent 30 jours par an et 7.000 réservistes sont déployés tous les jours.

Le plus souvent, les réservistes opèrent dans le cadre des missions de l’Opération Sentinelle, en participant à la protection de sites militaires ou à la sécurisation de lieux accueillant du public (gares ou stade de football par exemple). Mais les réservistes peuvent aussi être envoyés en mission de combat sur le territoire français ou à l’étranger.

Les réservistes qui disposent de compétences spécifiques peuvent se voir confier des missions en lien avec celles-ci (logistique, communication, technologie, etc.)

Des avantages pour les salariés

Parce que les réservistes ont aussi une vie active, ils bénéficient légalement de dix jours d’absence au travail dans le cadre de leur engagement (cinq jours pour les PME et pour entreprises de moins de 250 salariés si elles en font la demande). La Garde nationale assure également une grande souplesse pour coller aux emplois du temps professionnels des réservistes avec un agenda prévisionnel fourni chaque année.

Pour faciliter davantage l’engagement, la Garde nationale passe des contrats de partenariat avec de grands groupes privés (récemment la BPCE par exemple) et publics mais aussi avec des universités pour les étudiants.

En cas d’accident ou de blessure dans le cadre d’activités de réserves, l’État prend en charge la réparation intégrale des préjudices subis par le réserviste, jusqu’à l’accompagnement matériel ou psychologique de sa famille.

Pour devenir réservistes, il suffit de se rendre sur les sites Internet dédiés du ministère des Armées, de la Gendarmerie ou de la police nationale.