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Grippe : « Je l’ai eue en décembre, je suis protégée »… On casse cinq idées reçues sur le virus

L’épidémie de grippe n’en finit plus de s’intensifier. Une nette accélération des cas a ainsi été observée fin janvier, et de nombreux hôpitaux ont déclenché des plans blancs pour faire face à l’afflux de patients. Si on a l’habitude de voir réapparaître la grippe chaque hiver, la vague actuelle semble particulièrement virulente.

« Je m’en fiche, je l’ai déjà eu en décembre », « je ne suis pas concerné, je suis vacciné », « je suis jeune et en bonne santé, au pire, j’ai deux jours de fièvre »… Toutes ces affirmations maintes fois entendues sont-elles justifiées ? 20 Minutes va vous prouver que non.

« Si je l’ai eu, je suis immunisé pour la saison »

Faux. Il existe plusieurs virus de la grippe. L’épidémie actuelle comporte le AH1N1, le AH3N2 et le B, qui circulent en même temps. « Quand on s’infecte avec la A, on n’est pas protégé contre la B », explique Benjamin Davido, médecin infectiologue à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches. « Même si c’est plutôt rare chez le commun des mortels, il n’est pas impossible de l’attraper deux fois au cours du même hiver », confirme l’infectiologue Emmanuel Piednoir, praticien hospitalier à l’hôpital Granville et professeur à la faculté de médecine de Caen. Le docteur Davido conseille donc aux personnes très fragiles ne s’étant pas fait vacciner de le faire, même après avoir été contaminées.

« Si je suis vacciné, je suis protégé »

Faux. Le vaccin contre la grippe ne protège pas à 100 %. Ni même à 50 % cette année. Selon le dernier bulletin de Santé publique France, son efficacité cet hiver est estimée autour de 46 % pour tous les groupes à risque ciblés par la vaccination. « Ce n’est pas rien, mais c’est un peu décevant par rapport à l’efficacité habituelle qui tourne autour des 60, 70 % », souligne le docteur Davido. Pour information, la composition du vaccin est élaborée à partir des virus circulant lors de l’épidémie de grippe ayant eu lieu cet été dans l’hémisphère sud, d’où son évolution chaque année.

« L’efficacité du vaccin varie selon les groupes ciblés, les tranches d’âge et la souche », explique Emmanuel Piednoir. Si elle est estimée à 62 % chez les moins de 65 ans à risque, elle est seulement de 31 % chez les plus de 65 ans. « Plus on est âgé, moins il est efficace », résume le docteur Davido. Les médecins le rappellent toutefois : la piqûre diminue grandement le risque de forme grave. « Plus de 80 % des patients en réanimation cette année sont non vaccinés », assure le professeur Piednoir.

« Seules les personnes âgées ou à risques ont des formes graves »

Faux. Même si les personnes âgées et celles à risque sont très majoritaires chez les patients présentant des formes graves, les autres n’en sont pas exemptées. Les derniers chiffres de Santé publique France montrent que 40 voire 45 % des patients en réanimation ont moins de 65 ans. Si la plupart ont des comorbidités, le docteur Davido l’assure : « on voit aussi des patients n’ayant aucune maladie ».

Parmi eux, nombreux ont fait une surinfection bactérienne. « Souvent, le virus de la grippe rentre dans les cellules du poumon et détruit une partie du tissu pulmonaire. Ce poumon est à risque de se surinfecter avec, par exemple, un streptocoque, et cela peut donner lieu à une pneumonie, explique le docteur Davido. Cette surinfection montre que cette maladie peut toucher de manière foudroyante quelqu’un qui n’a pas de problème de santé. »

« On n’est plus contagieux quand on n’a plus de symptômes »

Faux. Il faut savoir que l’on est contagieux 24 heures avant même d’avoir des symptômes, lors de la période d’incubation de la maladie. « On est au maximum de la contagion quand on a des symptômes et plus on avance dans le temps, moins on l’est, résume le professeur Piednoir. Même quand on est complètement rétabli, le potentiel de contamination est moindre mais pas nul. »

En gros, on est contagieux un jour avant et sept jours après. Mais de rares exceptions existent, notamment chez les immunodéprimés. « On a déjà vu des cas de condamnation du virus jusqu’à un mois », assure Benjamin Davido.

Notre dossier sur la grippe

« Il n’y a pas de médicaments efficaces contre la grippe »

Vrai et faux. Si le paracétamol est efficace pour diminuer la fièvre, il n’est pas spécifique à la grippe et ne permet pas de réduire les autres symptômes. Il existe des antiviraux, comme le Tamiflu, qui eux, jouent ce rôle. « Il permet de diminuer les symptômes d’un à deux jours chez des personnes n’étant pas à l’hôpital, d’après un rapport de la Haute Autorité de santé publié en 2022 », souligne le Docteur Davido. Ce traitement, dont l’efficacité est donc limitée, doit être pris dans les 48 premières heures après les premiers symptômes pour être efficace. « On en prescrit un peu à l’hôpital mais seulement en cas de forme grave très précoce », explique le professeur Piednoir.