Grève SNCF : Les horaires des contrôleurs sont-ils fréquemment changés au dernier moment ?

Ça coince sur les rails. En attendant le pont du 8 mai, les perturbations ont déjà commencé en ce début de semaine avec l’appel à la grève lancé à la SNCF. Parmi les revendications des syndicats de cheminots, on trouve une revalorisation de la prime de travail, mais aussi une refonte de l’organisation des plannings. Selon les syndicats, ces derniers seraient soumis à trop de changements de dernière minute. Qu’en est-il réellement ?
« Cela pourrit la vie de ces salariés »
La direction de la SNCF indique que selon ses calculs, la plupart des modifications sur les emplois du temps sont annoncées au moins un mois à l’avance, et seulement dans 3 % des cas en moyenne du jour au lendemain. Un chiffre réfuté par Sud-Rail. « Si c’était 3 %, ce ne serait pas une cause nationale et la mobilisation prévue ne serait pas si importante », dénonce Julien Troccaz, cheminot et secrétaire Fédéral du syndicat. Ce dernier affirme toutefois ne disposer d’aucun chiffre précis en la matière. « Ce ne sont pas des données auxquelles nous avons accès », explique-t-il à 20 Minutes.
Selon la loi, la direction est tenue de présenter un bilan semestriel des modifications des calendriers et des heures de travail des salariés au comité d’entreprise ou au comité d’établissement ou, à défaut, aux délégués du personnel. « Les modifications sont très fréquentes au quotidien et elles impactent essentiellement les contrôleurs et contrôleuses », avance Julien Troccaz. Exemple avec un contrôleur qui a un départ prévu à 8 heures depuis Marseille, avec un retour le lendemain à 16 heures. Mais entre-temps, un changement est effectué sur son itinéraire. Le contrôleur ne rentrera qu’à 20 heures. « Cela pourrit la vie de ces salariés », souligne le cheminot.
Que dit la convention collective ?
Pointé du doigt, le logiciel Hastus est utilisé pour procéder aux changements nécessaires dans les plannings. « C’est un logiciel proche de l’intelligence artificielle : dès qu’il y a un aléa ou une absence, le logiciel va adapter les plannings et les journées initialement prévues sans prendre en compte le côté humain », détaille Julien Troccaz. Ce même logiciel est utilisé pour les plannings des services urbains de bus. « Un changement d’itinéraire à l’échelle d’une ville n’a pas le même impact que lorsqu’il s’agit des trains à l’échelle du pays », note le secrétaire Fédéral du syndicat Sud-Rail.
D’un point de vue légal, la convention collective nationale de la branche ferroviaire indique que les salariés doivent être informés des modifications de leur calendrier de travail au plus tard 24 heures avant le début du jour concerné. Concernant la modification de leurs heures de travail, ils peuvent être avertis jusqu’à une heure avant leur mise en œuvre.
Mais cela doit rester exceptionnel et ces changements de dernière minute ne peuvent intervenir que dans certaines circonstances. Lors de perturbations qui entraîneraient la réorganisation des moyens humains et matériels, par exemple. Ou lors de circonstances exceptionnelles ou imprévisibles. Les horaires d’un salarié peuvent aussi être modifiés en cas d’absence non programmée d’un collègue.
L’attribution tardive de sillons peut également en être la cause. Dans ce cas, le délai de prévenance minimum pour la modification des heures de travail est porté à 2 heures avant leur mise en œuvre.