Grève du 18 septembre : « Le sentiment qu’il n’y a plus de démocratie » à la campagne
Ce jeudi matin, environ 30 cyclistes se sont élancés depuis un campement à Châteaugiron (Ille-et-Vilaine) pour aller à la rencontre de la population dans le cadre de la mobilisation du 18 septembre. Les personnes mobilisées expriment des problèmes tels que l’urbanisation galopante et l’artificialisation des terres agricoles, et accusent un centre commercial voisin de « tuer les terres agricoles, les commerces de proximité et la vie des villages ».
« Sans éducation, pas d’avenir ». « En haut, ils se gavent. En bas, on en bave ». « Plus d’hôpitaux, moins de chars d’assaut ». Les messages affichés sur les pancartes accrochées aux vélos sont similaires à ceux que l’on retrouve habituellement dans les grandes manifestations urbaines. Cependant, cette fois, ces panneaux de carton ne sont pas présents dans les rues de Rennes. Depuis ce matin, ils défilent sur les petites routes départementales autour de Châteaugiron (Ille-et-Vilaine) dans le cadre de la mobilisation du 18 septembre. Cette petite ville d’environ 10 000 habitants, relativement aisée, se situe à une quinzaine de kilomètres de Rennes. En dehors de la métropole, elle s’apparente à une porte d’entrée vers le monde rural. De plus, elle accueille depuis une semaine un « village des Indignés ».
C’est de ce campement de fortune, installé dans le champ d’un agriculteur local, que le cortège de cyclistes s’est élancé ce jeudi matin. Ce rassemblement se trouve à proximité du grand événement prévu dans la capitale bretonne. « Nous avons beaucoup discuté pour déterminer notre action. Voulions-nous nous joindre à la manifestation de Rennes ? Ce que nous souhaitions vraiment, c’était de dynamiser le secteur, de discuter avec les gens. Nous avons voulu rester dans la région, parler de ces villes plus rurales qui sont souvent moins entendues », a expliqué Guillaume.
Le jeune homme aux lunettes orange est l’un des porte-paroles de ce village qui a vu le jour il y a une semaine. C’est un lieu de rencontre où des échanges sont organisés chaque jour, parfois ponctués d’assemblées générales pour déterminer les actions à entreprendre. S’agit-il d’un renouveau des « gilets jaunes » ? Peut-être, mais avec une orientation politique sûrement plus à gauche. « Les « gilets jaunes » avaient cet aspect rural. Cela crée des liens sociaux. C’est pour cela que je me suis intégré ici », a ajouté Maël. Pour lui, les problèmes ressentis ici sont comparables à ceux des villes. « Nous partageons les mêmes idées. C’est agréable de discuter et de voir d’autres personnes qui en ont assez. Nous n’avons pas toujours les mêmes revendications, mais nous ressentons tous la même chose. Ce sentiment qu’il n’y a plus de démocratie, qu’on n’est plus représentés et que ce sont toujours les mêmes qui s’en mettent plein les poches », a poursuivi le jeune homme de 25 ans.
L’ombre de la ministre à la ruralité
Le hasard fait que cette mobilisation se déroule à Châteaugiron, une commune qui a longtemps eu pour maire Françoise Gatel, ministre déléguée à la Ruralité lors des gouvernements de François Bayrou et Michel Barnier. Toutefois, la présence de cette élue UDI dans les derniers gouvernements n’a pas modifié le quotidien de ce territoire rural. Il est à noter que la petite ville n’est pas isolée ni abandonnée. Les problèmes d’accès aux services publics et aux soins ne sont pas majeurs ici. C’est plutôt la voix d’un peuple qui ne se sent pas écouté qui semble se manifester.

Ce jeudi, une trentaine de cyclistes ont pris la route pour aller à la rencontre des habitants. Ils se sont d’abord rendus au marché de Châteaugiron, puis dans des zones plus reculées comme Janzé ou Piré-Chancé. Ces communes, bien que proches de la capitale régionale, ont des voix qui résonnent moins. En discutant avec les personnes mobilisées, il est apparu que les préoccupations environnementales prenaient ici une place plus significative. « J’éprouve vraiment le besoin d’une transition écologique, car j’ai le sentiment que nous fonçons dans le mur. Peut-être parce que nous sommes plus touchés, que nous voyons directement ce qui se passe. Parmi nous, il y a des agriculteurs, ce sont eux les premiers concernés », a déclaré Lya, une mère de famille engagée.
Des tags sur le centre commercial voisin
Les questions sont nombreuses : urbanisation rapide, artificialisation des terres agricoles, difficultés d’accès au logement… À quelques centaines de mètres du village, des bâtiments de la zone commerciale Univer ont été tagués la semaine dernière.

Les auteurs des tags accusent le centre commercial de s’étendre et de « tuer les terres agricoles, les commerces de proximité et la vie des villages ». Ces constats sont partagés parmi les personnes mobilisées, même si les moyens d’action ne font pas l’unanimité. « Ce que nous essayons de créer ici, c’est un renouveau de démocratie. Personnellement, je n’attends plus rien de ce gouvernement, qui ne nous écoute pas. C’est pourquoi nous sommes ici », a expliqué Guillaume, avant de monter sur son vélo. Le cortège a prévu un parcours de près de quarante kilomètres pour transmettre son message.

