Grève du 18 septembre : des manifestants à Lille « jusqu’à plus soif »
La CGT a annoncé une mobilisation réussie pour cette journée de grève intersyndicale, ce jeudi, avec plus d’un million de personnes dans les rues de France. À Lille, des manifestants aux revendications multiples, de la Palestine aux choix budgétaires du gouvernement, étaient présents, avec un nombre estimé d’au moins 5.000 participants.
La CGT a fait état d’une mobilisation réussie pour cette journée de grève intersyndicale, ce jeudi, avec plus d’un million de personnes dans les rues de France. À Lille, dans le Nord, bien qu’il soit difficile d’évaluer la taille du cortège au moment où nous écrivons, il est raisonnable de dire que les manifestants étaient au moins 5.000. Ces manifestants expriment des revendications variées, allant de la Palestine aux choix budgétaires du gouvernement, mais tous partagent un même ras-le-bol.
Le déroulement de la manifestation à Lille a suivi un horaire habituel et un parcours classique. En tête de cortège, la CGT était présente avec un grand ballon gonflable, entourée de nombreux militants. Quentin, la trentaine, arborant un gilet rouge avec l’acronyme du syndicat, a déjà manifesté à plusieurs reprises. « Je suis intermittent du spectacle, ça fait depuis 2021 que je suis dans la rue », déclare-t-il. Selon lui, sa présence est logique puisqu’il était également là pour « Bloquons tout », le 10 septembre dernier. « Que ce soit pour dégager Macron ou pour des revendications plus générales, les gens se mobilisent. J’en ai vu qui n’avaient pas manifesté depuis longtemps et beaucoup de nouvelles têtes aussi », ajoute-t-il. Il précise qu’il est prêt à descendre dans la rue « jusqu’à plus soif ».
Un peu plus loin dans le cortège, les drapeaux de la CGT ont cédé place à ceux de la Palestine, principalement tenus par des jeunes. Sarah, étudiante dans la vingtaine, en fait partie. « Ce n’est pas possible ce qu’il se passe à Gaza, sous les yeux de tout le monde et personne ne fait rien », déclare-t-elle. Elle souhaite des actions concrètes : « Ça parle beaucoup du côté des politiques, mais ça ne fait pas grand-chose. On en est où de la reconnaissance de la Palestine par la France ? »
Hélène, la quarantaine, s’est placée sur le côté du cortège, semblant trop timide pour s’y aventurer. Pourtant, elle n’est pas là en spectatrice : « Quand on a des enfants et des personnes retraitées dans son entourage, quand on voit que c’est sur le dos de gens comme nous, des classes moyennes, qu’on va chercher des solutions pour éponger les dettes, à un moment, y’en a ras le bol. » Employée dans le secteur privé, Hélène n’est pas une habituée des manifestations. « Je suis là aujourd’hui mais je ne peux pas me permettre de manifester toutes les semaines », explique-t-elle. « Financierement d’abord, mais aussi parce que je ne veux pas pénaliser mon employeur », ajoute-t-elle.
Richard, un commercial reconverti en chauffeur routier, partage un sentiment similaire. « Quand je me suis retrouvé au chômage, c’était au moment de la réforme du travail, et la durée de mes droits a été presque divisée par deux », se souvient-il. Lui aussi n’est pas habitué à manifester, mais une goutte d’eau a fait déborder le vase : « Les solutions que propose le gouvernement pour cette histoire de dette ne sont pas correctes. On veut nous sucrer un jour férié pendant que les ultra-riches sont épargnés. » Il ne s’enthousiasme pas pour le décret Lecornu qui retire des avantages aux anciens ministres, considérant simplement que « c’est bien le minimum qu’il pouvait faire ». Et lui aussi est prêt à se mobiliser à nouveau, « mais pas toutes les semaines non plus ».

