France

Grève du 18 septembre à Toulouse : budget sexiste dénoncé par les manifestantes.

Ce jeudi 18 septembre, entre 18.000 et 40.000 manifestants, selon les estimations divergentes des syndicats et de la préfecture, défilent à Toulouse contre le projet de budget 2026 du nouveau gouvernement Lecornu. Marie, une aide-soignante de 45 ans, déclare : « Ce budget nous enfonce encore plus ».


Ce jeudi 18 septembre, les rues de Toulouse ont résonné sous le poids d’un mécontentement croissant. Dès 14 heures, la place Saint-Cyprien s’est remplie de manifestants : entre 18 000 et 40 000 personnes, selon les estimations divergentes des syndicats et de la préfecture, ont défilé contre le projet de budget 2026 du nouveau gouvernement Lecornu. Banderoles brandies, chants de manifestations et fumées blanches dans l’air : la ville rose a ainsi vécu un « jeudi noir » au niveau national. Au centre de ces revendications, une question majeure a été soulevée par une tribune coécrite par Sophie Binet (CGT) dans *Libération* : ce budget d’austérité est-il sexiste ?

Cette tribune, publiée mardi, accuse les coupes budgétaires d’affecter « deux fois les femmes : comme agentes des services publics et comme usagères ». Éducation, santé, social : ces secteurs majoritairement féminisés sont durement touchés par les gels de salaires et les suppressions de postes. À Toulouse, où la mobilisation est forte, les manifestants rencontrés dans le cortège partagent des témoignages poignants, ancrés dans leur expérience personnelle.

« Ce budget nous enfonce encore plus », confie Marie, une aide-soignante de 45 ans, venue exprimer sa colère sous un soleil de 30 degrés. « Sexiste, ce budget ? Évidemment ! À l’hôpital où je travaille, comme partout en France, la majorité d’entre nous, ce sont des femmes. Les coupes, ça signifie moins de collègues, des services fermés, et nous, on court dans tous les sens. Ensuite, on gère les enfants, les problèmes… On est épuisées. »

Non loin, Aïcha, 32 ans, éducatrice spécialisée, ne se laisse pas abattre. « Pourquoi c’est sexiste ? Parce que les femmes effectuent 75 % du travail domestique non rémunéré, et ce budget nous tire vers le bas. À Toulouse, des centres pour femmes battues ferment ou fonctionnent au ralenti par manque de financements. Je vois des enfants en détresse parce que les structures sociales s’effondrent. On manifeste pour dire : arrêtez de nous faire porter le poids de votre crise ! Ce budget aggrave les inégalités, il nous spolie de nos droits. »

Le cortège, riche de drapeaux syndicaux (CGT, CFDT, FSU, Solidaires), de militants associatifs mais aussi de soutiens à la Palestine et d’étudiants, s’étire. Clara, 27 ans, enseignante en collège, s’arrête pour partager son point de vue, essoufflée : « Ce budget affecte les métiers où nous sommes majoritaires : professeurs, soignantes, assistantes sociales. Je vois mes collègues craquer, nous avons des classes surchargées, des salaires bloqués. Et qui s’occupe des enfants quand les écoles ferment des postes ? Les mères, surtout. C’est un cercle vicieux : moins de services publics, plus de charge mentale pour les femmes. Oui, c’est sexiste, parce que ça renforce le patriarcat, c’est tout. »

Son ton est déterminé, son regard résolu. « Les secteurs les plus touchés par l’austérité sont majoritairement occupés par des femmes. Macron, avec ses discours sur la « lutte pour les droits des femmes », conduit une politique sexiste », résument Charlotte, Alexandra (FSU), Pauline et Francine (CGT) en tête de cortège.

Fatima, 50 ans, agente d’entretien, se tient à l’arrière du cortège. « Ça fait 20 ans que je suis précaire. Ce budget, il me tue. Nous sommes souvent des femmes seules, souvent immigrées, dans mon métier. Les coupes dans les services publics signifient moins d’heures pour nous, moins de contrats. Et après, on me dit de m’occuper de mes enfants… Et comment ? C’est sexiste parce que ça nous cible, nous, les invisibles. On est là pour dire stop ! »

Tous ne mettent pas le genre au premier plan. Julien, 30 ans, ouvrier aéronautique, arborant une casquette CGT, nuance son propos : « Dans l’industrie, nous sommes surtout des hommes, et nous souffrons aussi avec les suppressions de postes. Mais ma femme, infirmière, galère dix fois plus : horaires épuisants, manque de reconnaissance, et maintenant, moins de moyens. Ce budget ne divise pas uniquement entre hommes et femmes, il divise riches et pauvres. Mais oui, les femmes en subissent davantage, c’est clair. »

La manifestation, rythmée par des chants et des discours, anime la ville. Malgré la répression matinale signalée par les syndicats, l’ambiance reste combative. À Toulouse, la colère est collective : ce budget, considéré comme une attaque contre les plus précaires, incarne un ras-le-bol général. « Nous continuerons, jusqu’à ce que Lecornu entende notre voix », prévient Aïcha, le poing levé.