France

Grève du 15 mars : « Bien sûr qu’il faut continuer à se battre » contre la réforme des retraites, selon nos lecteurs

« 300.000 personnes ou 1 million, c’est une goutte d’eau. » Le constat de Jean-Pierre, un de nos lecteurs, est sans appel. La manifestation de samedi contre la réforme des retraites a rassemblé nettement moins de manifestants que celle du 11 février (368.000 contre 963.000). Pourtant, la grande majorité de nos lecteurs affirment vouloir continuer à se mobiliser. « Bien sûr qu’il faut continuer à se battre pour défendre nos acquis, lance Estelle. Je préfère perdre quelques jours de salaire que perdre deux ans de ma vie au travail. » Pour Cédric, mercredi, c’est surtout le bon moment. « Le vote des députés sera serré, c’est bien l’ampleur des mobilisations qui fait douter certains d’entre eux, la mobilisation du 15 peut forcer certaines prises de décisions. » En effet, l’exécutif, qui dit refuser de recourir au 49.3, tente de négocier avec les députés de droite afin d’obtenir une majorité à l’Assemblée.

Parmi les réponses, la plupart regrettent le manque d’écoute, voire le « dédain », du gouvernement : « Le point de vue des travailleurs français n’est pas pris en compte », accuse Olivier, qui, même s’il n’a plus battu le pavé depuis trente ans, ira manifester « quoi qu’il lui en coûte ». C’est aussi pour cette raison que Clarisse, qui n’a pas encore fait grève, va se joindre au cortège « dès demain, face au manque de respect et au déni de démocratie du gouvernement. Leur sentiment d’impunité et leur manque d’écoute ne font que renforcer mon envie de leur dire ma colère. » Mathieu, un enseignant parisien en grève depuis janvier, soulève que « l’assemblée n’a pas [encore] approuvé ni débattu correctement du projet de loi. Au-delà du bien-fondé de ce texte, c’est sa légitimité démocratique qui est discutable. » Prochaine étape mercredi, quand la commission paritaire mixte, qui regroupe sept députés et sept sénateurs, se réunira pour tenter de trouver une position commune sur le texte.

La mobilisation finit par lasser

Face à cela, certains de nos lecteurs appellent à « durcir » le mouvement. « S’il faut aller au black-out, on ira, menace Alain. Nous avons signé un contrat qui stipule que nous ne devons pas mettre le pays dans le noir. Mais si le contrat est dénoncé par l’état… » Annick, elle, a remarqué que « les défilés dans la rue sont obsolètes et ne peuvent être mis en place que par peu de citoyens ». A la place, elle propose une « grève de la consommation, pour que pas un centime de TVA ne rentre dans les caisses de l’Etat ». Daniel aussi a une idée : « Bloquer le périph et donc Paris pendant plusieurs jours avec quelques centaines de milliers de manifestants » 

Et puis d’autres se sont tout de même lassés. Catherine, par exemple, a fait dix ans d’étude et travaille dans le privé. Elle s’est « mise en grève la première fois », mais elle ne se sent pas représentée par les syndicats : « On ne parle jamais de nous qui prenons plein pot, il y en a que pour la défense des régimes spéciaux. » Alors, elle l’assure, on ne la verra pas dans un cortège, mercredi. Emma non plus n’y sera pas : « C’est inutile de continuer à nous mobiliser, en tout cas de cette façon. La seule chose qui pourrait changer la donne serait une vraie grève générale, les actions entreprises sont trop faibles pour avoir vraiment de l’impact. »

Enfin, il y a ceux, moins nombreux, que les grèves à répétition agacent. Certains se disent en faveur de la réforme, « nécessaire, sinon on laissera une dette énorme aux générations futures », selon Emmanuel. D’autres paraissent désabusés, comme Nadia et Gérard, pour qui « ça ne sert à rien de continuer », « la loi passera quand même ». Qu’à cela ne tienne, « même en cas d’échec, l’ampleur de la mobilisation actuelle justifiera l’annulation de cette réforme », estime Cédric. Comme lui, nombre de lecteurs conservent l’espoir de voir le gouvernement reculer sur sa réforme de retraites.