France

Grève des éboueurs : Les grévistes du garage d’Ivry-sur-Seine délogés violemment par les CRS ce vendredi matin

« On s’y attendait, mais pas de cette manière. » Ce matin, les éboueurs grévistes du garage de Ivry-Victo-Hugo ont été délogés par les forces de l’ordre. En grève depuis le 6 mars dernier, ils tenaient un piquet de grève devant les installations qui hébergent 80 camions-bennes de la Ville de Paris.

« On se doutait qu’ils allaient venir mais on ne pensait pas que ce serait si violent », comment Didier Labruyère, délégué syndical Force ouvrière du site. Cyril, un agent présent sur les lieux à l’arrivée des CRS raconte les événements de la matinée : « Un peu avant 8h30, un chef de garage est venu nous prévenir que les forces de l’ordre étaient en route. Nous avons donc demandé à toutes les personnes présentes sur le piquet et extérieures au site de s’éloigner. »

Gaz lacrymogène et échange de coups

Car les agents ne sont pas les seuls à tenir le garage depuis plusieurs jours. Enseignants, collégiens et d’autres agents de la fonction publique se relayent pour aider les grévistes à bloquer le garage. « A ce moment tous les agents présents sur le site se sont déclarés en grève, pour éviter d’être délogés », ajoute Cyril.

Mais à 8h30, à l’arrivée des CRS, les éboueurs ont eu la surprise de se trouver pris en tenaille par un cordon de CRS qui les ont poussés vers l’intérieur des garages. « Dès qu’on leur a dit qu’on était en grève et qu’ils ne pouvaient aller contre, ils ont commencé à nous envoyer du gaz et à rentrer dans le tas. »

Les grévistes témoignent de coups violents et de méthodes brutales employées à leur encontre : « Ça tapait dans tous les sens. On a plusieurs collègues blessés, un à reçu des coups au visage et est blessé à la bouche, un autre a pris un coup au nez qui pourrait être cassé. Pour d’autres ce sont des coups dans les tibias. Un collègue de 61 ans a été pourchassé et gazé à plusieurs reprises alors qu’il levait les mains et ne bloquait rien. »

« En vingt-neuf ans de service, […] je n’avais jamais vu une telle violence »

Sonné, Cyril peine à se remettre des événements : « en vingt-neuf ans de service, j’ai connu plusieurs mouvements de grèves, je n’avais jamais vu une telle violence. Même un agent de maîtrise, non gréviste a été gazé par la fenêtre de son bureau. »

En milieu de journée, les forces de l’ordre tenaient le garage, situé à quelques centaines de mètres de l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine, lui aussi bloqué par les manifestants.

Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, avait annoncé ce jeudi la réquisition d’éboueurs pour déblayer les rues de Paris, contraignant Anne Hidalgo à lui transmettre la liste des 4.000 agents de propreté des services de la ville.