France

Grève des éboueurs à Paris : La préfecture annonce des réquisitions malgré le refus d’Anne Hidalgo

Au 10e jour de grève des éboueurs dans la capitale, le gouvernement décide de passer en force. Sans surprise, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur ordre du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, a informé dans la soirée Anne Hidalgo de sa décision de réquisitionner des éboueurs, ce qu’elle avait refusé de faire au préalable.

Dès mardi soir, Gérald Darmanin avait prévenu que si la maire PS de Paris refusait de procéder elle-même aux réquisitions, l’Etat le ferait pour des raisons de salubrité publique. Mercredi après-midi, devant le Sénat, le ministre de l’Intérieur l’a redit.

Alors que le projet de réforme des retraites a passé l’étape cruciale de la commission mixte paritaire (CMP), 7.600 tonnes de déchets encombraient mercredi matin les trottoirs de la capitale, selon la mairie. Le conflit des éboueurs a donné une mauvaise image de Paris, notamment à l’étranger, que le gouvernement et la mairie ont rapidement utilisée sur le terrain politique.

La mairie et l’Etat se renvoient la responsabilité

Par la voix de son porte-parole Olivier Véran, l’exécutif a accusé Anne Hidalgo d’ « imposer » aux Parisiens « les conséquences » de son soutien au mouvement de grève contre les retraites. Dès le début de l’examen de la réforme fin janvier, l’ex-candidate à la présidentielle de 2022 avait choisi d’afficher l’Hôtel de Ville comme « mairie solidaire » du mouvement social.

La réplique de l’Hôtel de Ville a été immédiate. « Il est paradoxal que l’Etat demande aux collectivités territoriales de régler un problème qu’il a lui-même créé alors que la réquisition est, de droit, une compétence de l’Etat », a répondu Anne Hidalgo à Laurent Nuñez.

Trois incinérateurs de déchets à l’arrêt

Dans un courrier mardi, la préfecture de police avait pourtant souligné, en se basant sur le Code général des collectivités territoriales, que « la mairie détient la police de la salubrité sur la voie publique ». Il est donc « de sa compétence de requérir une entreprise privée ou de réquisitionner les agents », avait ajouté la préfecture, en estimant qu’elle pouvait « dans un second temps » mettre en demeure la Ville de le faire.

De fait, il va être compliqué pour le préfet de procéder à ces réquisitions dès jeudi, lorsque le Sénat puis l’Assemblée nationale doivent se prononcer sur l’adoption du projet de réforme sur les retraites, avec ou sans recours à l’article 49-3 qui permet une adoption sans vote.

La mairie a également souligné que le dénouement de la crise se jouait avant tout à la porte des trois incinérateurs de proche banlieue bloqués depuis dix jours, et qui ne dépendent pas d’elle mais du syndicat métropolitain, le Syctom.