France

Grève des éboueurs à Paris : Darmanin demande que la mairie réquisitionne du personnel

« Au moins jusqu’au 20 mars » : les éboueurs et agents de propreté de la Ville de Paris, qui contestent le projet de réforme des retraites, ont voté mardi la poursuite de leur grève dans la capitale où les déchets s’entassent sur les trottoirs.

En milieu de soirée, en raison des « conditions sanitaires » régnant à Paris, Gérald Darmanin a donné instruction au préfet de police de Paris, Laurent Nunez, de demander à la mairie de « réquisitionner » des moyens afin d’évacuer les ordures.

Quelque 7.000 tonnes d’ordures non ramassées ont été dénombrées au neuvième jour de grève, selon le premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire, qui déplore, lui, une « situation catastrophique créée par le gouvernement ».

Si la mairie ne donne pas suite à la demande de réquisition, « l’Etat se substituera », a avancé l’entourage du ministre de l’Intérieur. Ce qui signifie que l’Etat réquisitionnera des moyens pour collecter et évacuer les déchets.

« On bloque mais on ne fait pas n’importe quoi »

Place Beauvau, on a évoqué en outre le courrier adressé au ministre par la maire LR du VIIe arrondissement de Paris, Rachida Dati, pour qu’il intervienne. Un épisode qui survient à un moment où la majorité présidentielle a besoin du soutien des parlementaires LR pour l’adoption de sa réforme des retraites qu’elle espère pour jeudi.

Mardi, le blocage de l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine, au sud de Paris, se prolongeait et les grévistes s’organisaient pour tenir les piquets de grève la nuit.  « On bloque mais on ne fait pas n’importe quoi », dit Julien Lejeune, 44 ans, agent de la mairie de Paris chargé des eaux usées et délégué CGT. « On fait des tours de garde, on surveille qu’il n’y a pas de détérioration du matériel ni d’intrusion ».

L’incinérateur d’Ivry – le plus grand d’Europe avec près de 700.000 tonnes de déchets traités chaque année et géré par l’opérateur public Syctom – est depuis le 6 mars à l’arrêt, tout comme celui d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), également en grève. Celui de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) est en maintenance.

Les grévistes disent se sentir « soutenus par la majorité de la population ». « On voit que l’opinion publique est de notre côté, ça fait plaisir », dit Guillaume Konrad, 38 ans, chef de la permanence des égouts de Paris. « Même la police est passée hier (lundi) pour nous encourager », assure-t-il.

Des villes de province touchées

Le mouvement affecte aussi certaines villes de province. A Rennes, la grève a démarré lundi et la collecte n’a pu être effectuée mardi, selon le groupe Suez, qui en est chargé. La collecte est également perturbée à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).

Des actions ont également perturbé le ramassage des déchets à Nantes, ainsi qu’en Seine-Maritime. Mardi matin, « une centaine de manifestants ont bloqué les camions » au centre de traitement des déchets de la Métropole de Rouen, a assuré Gérald Le Corre de l’union départementale CGT.

La mairie de Paris, dont les agents gèrent le ramassage des ordures ménagères dans la moitié des arrondissements, se dit « solidaire » du mouvement social. Une position attaquée par le gouvernement.

Mardi, le ministre des Transports, Clément Beaune, a déclaré sur France 2 attendre de la maire de Paris « qu’elle prenne des mesures concrètes comme la mutualisation du ramassage et du stockage entre arrondissements, voire la réquisition ». « La réquisition consiste à obliger des grévistes à venir faire leur travail : c’est une compétence de l’Etat sur un problème créé par l’Etat », leur a répondu dans l’après-midi Emmanuel Grégoire.

La Ville « met en place des mesures palliatives » et « c’est plus que le service minimum » qui est assuré avec 23.000 tonnes ramassées sur 30.000 en dix jours, a-t-il dit, reconnaissant avoir recours à des agents privés « sur des urgences absolues ».