France

Grève dans la fonction publique : « Gouvernement ou pas, il n’y aura pas de trêve »… Les fonctionnaires font fi de la censure

Dans le cortège rennais,

« A l’Assemblée nationale, c’est la foire, ici c’est la fête foraine », se marre Jean-Paul, tirant sur sa clope comme un pompier. Comme chaque année début décembre, les manèges ont envahi l’esplanade de Gaulle, le point de départ de presque toutes les manifestations à Rennes. Un décor atypique qui n’a pas empêché entre 3.600 personnes (selon la préfecture) et 7.000 (selon les syndicats) de battre le pavé ce jeudi midi pour défendre les services publics. « On pouvait s’attendre à mieux mais ce n’est que le début », promet Thierry, « manifestant professionnel ».

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Dans le cortège, beaucoup de fonctionnaires bien sûr, enseignants, agents territoriaux ou personnels soignants. Tous venus pour dénoncer « les coupes budgétaires et la politique d’austérité qui nous empêchent de mener à bien nos missions », souligne Annick, syndiquée CGT. Un cri de colère mais contre qui, sachant que la motion de censure adoptée mercredi soir a scellé le sort du gouvernement Barnier ? « Il y en aura bien un nouveau donc c’est un moyen de lui mettre la pression, indique Adrien, enseignant dans le second degré. Peu importe qui d’ailleurs, le principal c’est de défendre des acquis sociaux qui sont aujourd’hui menacés ».

« Le début d’une grande mobilisation générale »

Dans le viseur des syndicats, des mesures proposées par le gouvernement pour redresser les comptes publics comme le passage d’un à trois jours de carence pour les fonctionnaires malades ou la réduction de 100 % à 90 % de la rémunération en cas d’arrêt maladie. Mais avec le renversement du Premier ministre et de toute son équipe, ces mesures semblent aujourd’hui enterrées. « Pour l’instant, se méfie Thomas Hardy, secrétaire départemental du SNES-FSU. Car je suis sûr que si un nouveau gouvernement de droite est nommé, elles vont revenir très vite. De toute façon, même si le gouvernement est tombé, les revendications sont toujours là. »

Même son de cloche chez Fabrice Lerestif, secrétaire général de Force ouvrière en Ille-et-Vilaine. « On s’en fiche de Barnier ou d’un autre et on ne se cale pas sur leur calendrier politique, s’exclame-t-il. Cela ne va pas s’arrêter ce soir de toute façon, ni pour les fêtes. Gouvernement ou pas, il n’y aura pas de trêve. C’est le début d’une grande mobilisation générale, du public comme du privé, pour imposer la justice sociale et donner de l’espoir aux gens qui souffrent. »

»On va nommer un autre pantin et ce sera pareil »

Parmi les manifestants, quelques-uns appellent timidement à la démission d’Emmanuel Macron, « le vrai responsable de tout ce merdier », dixit Aline, venue défiler avec ses deux jeunes fils. Mais c’est surtout Guillaume Kasbarian, le désormais ex-ministre de la Fonction publique qui en prend pour son grade. « On n’avait préparé des slogans qui ne sont plus trop d’actualité mais on va quand même les garder », sourit Fabienne, du syndicat Solidaires, avant de prendre le micro et d’entonner « Kasbarian, casse-toi, ta réforme on n’en veut pas ». A quelques mètres de là, Guillaume, pas très branché politique, reste un peu perplexe. « Je découvre aujourd’hui le nom de ce ministre dont je n’avais jamais entendu parler, assure-t-il. Plus personne n’a confiance dans les politiques de toute façon. Ils peuvent remplacer Barnier par un autre couillon, ça ne changera rien. Je n’ai plus les mots tellement ils me dégoûtent tous »

Tout savoir sur la chute du gouvernement Barnier

Pas mécontent de la chute de Michel Barnier qui « avait pourtant l’air compétent », Michel, tout jeune retraité exprime tout de même quelques craintes pour la suite. « On va nommer un autre pantin et ce sera pareil dans deux ou trois mois, assure-t-il. Cela devient vraiment le chaos dans ce pays et bien sûr que ça m’inquiète. Pas forcément pour moi mais pour tous ces jeunes dont l’avenir est bouché et qui va payer les pots cassés ».

En parlant de jeunesse, Melvyn, étudiant, n’a quant à lui pas perdu tout espoir. « Il faut que cette censure serve à faire bouger les lignes, espère-t-il. Pour moi ce n’est pas un coup d’arrêt mais plutôt le début d’une nouvelle dynamique pour la France ». Beaucoup comme lui aimeraient y croire.