Gouvernement Lecornu II : Le Premier ministre ne subit pas la censure, débuts des ennuis budgétaires.
Sébastien Lecornu a échappé ce mardi à deux motions de censure, déposées par La France insoumise et le Rassemblement national. Le Parlement a cinquante jours pour examiner le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) et 70 jours pour le budget de l’Etat (PLF).

À l’Assemblée nationale,
Sébastian Lecornu peut respirer un peu. Après avoir traversé une grave crise politique, le Premier ministre a échappé ce mardi à deux motions de censure, déposées par La France insoumise et le Rassemblement national. En acceptant de « suspendre » la réforme des retraites en échange du soutien tacite du Parti socialiste pour rester en poste, le chef du gouvernement parvient à gagner du temps et un peu de stabilité. « Il fallait que les débats puissent démarrer, maintenant au travail ! », a-t-il déclaré, évoquant l’examen difficile du budget à venir.
Les députés vont maintenant se concentrer sur les deux textes budgétaires pour 2026. L’examen du projet de loi de Finances, qui débutera dès lundi en commission, s’annonce déjà agité, d’autant plus que Sébastien Lecornu n’a plus une arme cruciale à sa disposition : il ne pourra pas utiliser l’article 49.3. « Le gouvernement proposera, nous débattrons, vous voterez, c’est une rupture », avait-il promis lors de sa déclaration de politique générale mardi, répondant ainsi à une autre demande du groupe socialiste. « C’est une réelle concession pour un gouvernement minoritaire. Les députés pourront modeler le texte grâce à des amendements, cela obligera à trouver des compromis », souligne Laurent Baumel, député PS d’Indre-et-Loire. « À nous maintenant de gagner des batailles parlementaires pour corriger les mesures socialement injustes ou faire voter la taxe Zucman par exemple », ajoute-t-il.
« Le retour de la foire à la saucisse fiscale » ?
« Le débat budgétaire n’est pas simple par nature, mais sans 49.3, cela sera d’autant plus difficile », confirme Erwan Balanant, député MoDem du Finistère. Minoritaire à l’Assemblée nationale, le socle macroniste (ou ce qu’il en reste) pourrait avoir des difficultés à s’imposer. « Nous ne voterons pas n’importe quoi. Nous n’avons pas l’intention de renier nos valeurs », ajoute le chef des députés Horizons, Paul Christophe. « Ça risque d’être le retour de la foire à la saucisse fiscale, et des autres mesures que la gauche affectionne tant », moque Matthias Renault, député RN de la Somme. Le risque pour le gouvernement est de voir son texte profondément modifié, à l’image du budget de Michel Barnier l’année dernière, qui avait finalement conduit les macronistes à s’y opposer et à le rejeter lors du vote en séance.
Pour éviter un rejet du budget lors du vote final, le gouvernement devra jongler pour respecter ses engagements envers les socialistes, tout en évitant de mécontenter la droite ou ses propres membres. « Ils seront implacables sur les recettes. Croire qu’il est possible d’obtenir à terme un budget compatible avec les normes de la NFP est un mensonge », prévient Eric Coquerel, député LFI et président de la commission des Finances.
Le compte à rebours est lancé
Autre défi : le temps imparti. Le Parlement dispose de cinquante jours pour examiner le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS), qui devrait inclure la suspension de la réforme des retraites, et de 70 jours pour le budget de l’État (PLF). Un délai difficile à respecter sans le 49.3, qui permettrait au Premier ministre de clore les débats à sa convenance. S’il échoue à faire voter les textes dans les délais impartis, le gouvernement pourrait alors choisir de les adopter par ordonnances, au risque, encore une fois, de provoquer la colère des oppositions et de subir de nouvelles motions de censure.
« Nous sommes désormais dans un rapport de force. Mais si finalement il n’y a plus de suspension de la réforme des retraites, il n’y aura plus de gouvernement », avertissent déjà au sein du groupe socialiste. Sébastien Lecornu a frôlé la chute ce jeudi, mais les difficultés l’attendent encore.

