Gouvernement : François Bayrou/Michel Barnier, le jeu des sept différences
Il est arrivé pile à temps au pied du sapin. Le nouveau gouvernement a été dévoilé lundi soir après des jours de tractations. Trois semaines après la censure votée contre Michel Barnier, son successeur aura la certitude de voir la nouvelle année à Matignon. Mais la difficulté reste la même pour François Bayrou : faire passer un budget sans majorité à l’Assemblée nationale. Pour l’occasion, on vous a concocté un petit jeu des sept différences entre les gouvernements Barnier et Bayrou.
Différence 1 : L’optimisme
A première vue, François Bayrou a au-dessus de la tête la même épée de Damoclès que Michel Barnier : le risque de censure. L’ancien Commissaire européen se montrait d’ailleurs très prudent sur son avenir personnel « C’est un moment avec beaucoup de difficultés mais ce n’est pas une surprise pour moi. Je sais depuis le 5 septembre qu’il peut y voir une censure », disait-il. Malgré la situation politique toujours aussi explosive à l’Assemblée, François Bayrou s’est montré plus optimiste. « Je suis persuadé que l’action que je définis devant vous et l’équipe gouvernementale feront que nous ne serons pas censurés », a-t-il indiqué lundi soir sur BFMTV.
Différence 2 : Le retour des poids lourds
Le nouveau chef du gouvernement s’est dit « très fier de l’équipe présentée », louant « un collectif d’expérience pour réconcilier et renouer la confiance avec tous les Français ». Le patron du MoDem a décidé de nommer des poids lourds dans son équipe, avec Elisabeth Borne à l’Education nationale, Gérald Darmanin à la Justice, Manuel Valls au ministère des Outre-mer, ou encore François Rebsamen, ancien ministre de François Hollande, à l’Aménagement du territoire. Une stratégie qui tranche avec celle de Michel Barnier, qui avait préféré se débarrasser des cadors macronistes pour s’éviter une querelle des chefs en interne.
Différence 3 : Pas de proche d’Attal
François Bayrou a-t-il voulu diminuer l’influence de Gabriel Attal au gouvernement ? Le patron de Renaissance n’aura cette fois aucun proche dans le nouveau gouvernement puisque Antoine Armand (Economie), Guillaume Kasbarian (Fonction publique) et Anne Genetet, (Éducation nationale), tous les trois présents dans l’équipe de Michel Barnier, ont dû faire leurs cartons.
Différence 4 : Deux fois moins de LR
Autre différence à noter sur la composition gouvernementale : Les Républicains ont perdu des plumes. « Nous avons sept ministres, nous en avions douze, sans compter le Premier ministre. Notre poids est 50 % plus faible. L’engagement du Premier ministre n’a pas été respecté », a d’ailleurs pesté le patron de la droite, Laurent Wauquiez, devant ses troupes, selon Le Figaro. Une petite différence qui pourrait avoir de lourdes conséquences dans le jeu d’équilibriste à venir.
Différence 5 : Le PS dans l’attente
Le 8 octobre dernier, Michel Barnier affrontait une première motion de censure, finalement rejetée par l’Assemblée nationale. A l’époque, c’est Olivier Faure, le patron du PS, qui monte à la tribune pour la défendre au nom du Nouveau front populaire. Si les socialistes souhaitaient faire tomber au plus vite le gouvernement Barnier, ils semblent (un tout petit peu) moins pressés avec son successeur. Le PS veut attendre la déclaration de politique générale de François Bayrou devant les députés, prévue le 14 janvier, avant de trancher. « Aucune des conditions du pacte de non-censure proposé par la gauche à François Bayrou n’a été respectée », a toutefois prévenu Olivier Faure.
Différence 6 : Plus conciliant avec le RN ?
Michel Barnier a tenté de sauver sa peau en donnant des gages au RN sur le budget. Mais pendant des semaines, le Premier ministre a entretenu des relations difficiles avec Marine Le Pen et ses députés. « Il a donné des miettes pour faire croire à un geste, mais derrière, c’était le même mépris », nous confiait l’élu RN Thomas Ménagé début décembre. François Bayrou, qui a reçu Jordan Bardella et Marine Le Pen peu après son arrivée à Matignon, semble bénéficier d’une meilleure image. « J’ai été écoutée, il est peut-être un peu tôt pour dire si nous avons été entendus », avait indiqué Marine Le Pen après la rencontre. La cheffe de file du RN a déjà eu l’oreille de Matignon sur Xavier Bertrand, qui a finalement été recalé du gouvernement.
Différence 7 : (à peine) moins de pression sur le budget
Tout juste nommé à Matignon, Michel Barnier s’alarmait de la « situation budgétaire très grave ». François Bayrou a également assuré « ne rien ignorer de l’Himalaya » lors de la passation de pouvoir, en référence à la dette publique de plus de 3.000 milliards d’euros. Mais le maire de Pau a un peu de temps pour préparer sa copie et entamer les tractations budgétaires. Alors que la France tombera le 1er janvier sous le coup de « loi spéciale », le premier Conseil des ministres n’est prévu que le 3 janvier et les travaux parlementaires reprendront seulement dix jours plus tard à l’Assemblée. François Bayrou, qui vise la « mi-février » pour boucler son budget, dispose d’un crash-test bien utile : le projet de loi budgétaire censuré de Michel Barnier.