Gouvernement Bayrou : Retraites, mode de scrutin, santé… Que faut-il retenir du discours de politique générale ?
«Une promesse pour la France. » Le premier ministre, François Bayrou, nommé après la censure du gouvernement Barnier en décembre, prononçait ce mardi son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Devant un hémicycle qui n’a pas hésité à le chahuter, il a énuméré les grands axes de la politique de son gouvernement, en appelant à « retrouver de la stabilité ».
La réforme des retraites repart « en chantier »
Le sujet était attendu et faisait l’objet de négociations avec une partie de la gauche. Le chef du gouvernement a évoqué la réforme des retraites de 2023, très décriée. Il a expliqué qu’il allait « demander à la Cour des comptes une mission flash de quelques semaines » afin d’établir « un constat » sur les finances du système de retraites. Ensuite, à l’automne, lors de la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale, « une réforme nouvelle » pourrait venir amender le projet actuel.
« Nous pouvons, j’en ai la conviction, rechercher une voie de réforme nouvelle, sans aucun totem et sans aucun tabou, pas même l’âge de la retraite, à condition qu’elle réponde à l’exigence fixée », c’est-à-dire ne pas dégrader l’équilibre financier du système, a détaillé François Bayrou. Il a ainsi annoncé la création d’une « délégation permanente », composée des « représentants de chaque organisation », qui se réunira pour la première fois dès vendredi puis sera chargée de travailler « autour de la même table, dans les mêmes bureaux, pendant trois mois à dater du rapport de la Cour des comptes ». « Si au cours de ce conclave, cette délégation trouve un accord d’équilibre et de meilleure justice, nous l’adopterons », assure le Premier ministre. En revanche, faute d’accord, la réforme actuelle perdurera telle quelle.
Proportionnelle, cumul des mandats et vie publique
Conscient de la crise politique du pays, François Bayrou a fait quelques propositions concernant les institutions et la vie publique. Il a notamment proposé d’« avancer […] sur la réforme du mode de scrutin législatif », qui introduirait « un principe de proportionnelle ». Toutefois, il veut aussi que le scrutin et la fonction de député restent « enracinés dans les territoires ». Selon lui, cette réforme « obligera à reposer en même temps la question de l’exercice simultané d’une responsabilité locale et nationale ». Plus de dix ans après la suppression du cumul des mandats lors de la présidence de François Hollande, le maire de Pau a déjà fait savoir qu’il était favorable à un retour en arrière.
Parmi les autres propositions formulées, le Premier ministre veut « reprendre l’étude des cahiers de doléances ». Rappelez-vous : ces propositions avaient été récoltées après les manifestations des « gilets jaunes », un mouvement « négligé » selon le chef du gouvernement. Il appelle aussi à la création d’une « banque de la démocratie » pour le financement des partis politiques.
Quelques annonces pour la santé et l’agriculture
Enfin, François Bayrou a balayé plusieurs champs d’action dans la deuxième moitié de son discours. S’il n’a pas forcément formulé de mesures concrètes dans chaque domaine, il a laissé entrevoir quelques grands axes. Il a mené une charge contre les contrôles et les normes environnementales auxquels les agriculteurs sont soumis, et souhaite « remettre en question les pyramides de normes en donnant l’initiative aux usagers ».
Pour la santé, il a confirmé le remboursement intégral des fauteuils roulants en 2025 et l’abandon « du déremboursement de certains médicaments et de consultations », envisagé lors du budget précédent. Le gouvernement invitera aussi les forces politiques de Nouvelle-Calédonie à des négociations en janvier, quelques mois après d’intenses troubles sur l’île, et continuera la route vers une « évolution constitutionnelle » de la Corse pendant l’année. Ces nombreuses promesses lui promettent-elles un meilleur destin qu’à celui de Michel Barnier ? La France insoumise, avec le Parti communiste et les Ecologistes, a déjà annoncé qu’ils déposeraient une motion de censure jeudi.