France

Gouvernement Bayrou : Manuel Valls veut sortir de l’infantilisation des Outre-Mer

Une entrée en matière mouvementée. Si sa nomination au gouvernement Bayrou a été une surprise, plus ou moins bien reçue, Manuel Valls doit déjà s’atteler aux brûlants dossiers de son ministère des Outre-Mer. Entre Mayotte dévastée par le cyclone Chido et la chute du gouvernement local en Nouvelle-Calédonie, la tâche démarre sans échauffement pour l’ancien Premier ministre.

Dans un entretien accordé à Outre-mer la 1ère ce jeudi, le ministre des Outre-mer a annoncé se rendre à Mayotte, en compagnie de François Bayrou et d’autres membres du gouvernement, à partir du dimanche 29 décembre pour « rencontrer les élus, les forces économiques et sociales, l’administration et la population » pour « continuer à répondre à l’urgence et entamer la reconstruction » de l’île.

Amender la loi spéciale sur Mayotte pour « répondre à l’urgence »

Si le Premier ministre ne restera que 24 heures sur l’île, Manuel Valls a prévu, lui, de rester un peu plus longtemps afin de mener des « consultations nécessaires » pour amender la loi spéciale sur Mayotte (examinée en Conseil des ministres le 3 janvier) et rendre ce texte « le plus utile possible » pour « répondre à l’urgence » de la situation.

Cette loi spéciale doit permettre de déroger à certaines règles -en matière d’urbanisme ou de recueil de dons par exemple- pour reconstruire au plus vite Mayotte.

S’il dit comprendre « les attentes, les angoisses, les exigences et la colère » des Mahorais, Manuel Valls a assuré vouloir « utiliser ce drame en tirant les leçons du passé ». Il faudra toutefois, selon le ministre, « éviter la démagogie. Ce sera long et difficile. »

« La France n’a pas de budget, ce qui pose un certain nombre de problèmes »

Au sujet de la Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls a expliqué vouloir s’inspirer de « la méthode Rocard » (son « père en politique ») à l’origine des accords de Matignon, en 1988. Le « Caillou », en crise depuis plusieurs mois, jusqu’à de violentes émeutes et heurts à partir du mois de mai, traverse une crise à tous les niveaux de la société. Une crise encore confirmée par la chute du gouvernement local ce jeudi.

Problème pour le nouveau ministre des Outre-mer, « la France n’a pas de budget, ce qui pose un certain nombre de problèmes par rapport aux engagements qui ont été pris il y a quelques semaines par Michel Barnier », explique-t-il avant d’ajouter : « Pour moi, c’est ça l’urgence ».
L’urgence de remettre les loyalistes et les indépendantistes à la table des discussions et « dessiner un chemin commun » selon le nouveau ministre.

« Sortir d’une sorte d’infantilisation des territoires ultramarins »

Interrogé sur la vie chère, le grand problème des Outre-mer, Manuel Vals a rappelé que « des engagements ont été pris » et qu’« il faut qu’ils soient mis en œuvre ». Un protocole visant à faire baisser les prix de 20 % sur 6.000 références, engagé en octobre en Martinique, devait entrer en vigueur le 1er janvier prochain, mais la chute du gouvernement Barnier a tout remis sur la table. « Il faudra sans doute aller plus loin » indique Manuel Valls.

Selon lui, les Outre-mer sont « un atout pour la France dans bien des domaines, il faut sortir d’une sorte d’infantilisation vis-à-vis des territoires ultramarins » et « redéfinir le lien » entre l’Etat et ses territoires ultramarins. « Ce n’est pas seulement une question institutionnelle, c’est une manière de faire. Je souhaite que […] nous fassions la démonstration d’un changement de méthode. »

Un couvre-feu instauré en Nouvelle-Calédonie

Ce vendredi, le haut-commissariat de la République a annoncé l’instauration d’un couvre-feu de 1 heure à 6 heures du matin pour la nuit de la Saint-Sylvestre et le 2 janvier dans les principales communes de Nouvelle-Calédonie.

Un couvre-feu appliqué à Nouméa et dans les communes avoisinantes, selon un arrêté publié ce vendredi. Une décision prise au regard « du contexte que connaît le territoire depuis plusieurs mois, au bilan tragique de l’insécurité routière ces dernières semaines, ainsi qu’à l’intervention répétée des forces de l’ordre sur certaines communes », précise le haut-commissariat dans un communiqué.

Sont concernées les quatre communes de l’agglomération nouméenne, Nouméa, le Mont-Dore Dumbéa et Païta, où les rassemblements sur le domaine public sont également interdits depuis le mois de septembre.