France

Gouvernement Bayrou : Gérald Darmanin déroule sa feuille de route à la Justice, entre narcotrafic et violences sexuelles

Après sept ans au cœur du pouvoir en place, dont quatre en tant que « Premier flic de France », Gérald Darmanin en avait, des choses à dire sur la justice de ce pays. Le nouveau garde des Sceaux a livré, dans une longue interview au Parisien, sa feuille de route et les changements qu’il souhaite apporter, afin qu’il y ait « un avant et un après » son passage place Vendôme.

Celui qui manifestait il y a quelques mois aux côtés de policiers scandant « le problème de la police, c’est la justice » a rectifié le tir, estimant que le problème résidait plutôt dans « les moyens de la justice ». Malgré un budget qui s’annonce resserré, il espère donc obtenir des crédits supplémentaires pour « mener à bien [son] action si attendue par les Français ». « Cela fait plus de trente ans que la Justice fait des efforts », estime-t-il, tout en pointant l’ordre protocolaire de son ministère.

Les « 100 plus grands narcotrafiquants » à l’isolement

Mais même « sans moyens, sans loi supplémentaire et sans construire une place de prison », Gérald Darmanin est bien décidé à agir. D’abord en faisant de sa priorité la lutte contre le narcotrafic, y compris à l’intérieur des prisons. « Aucun Français ne comprend pourquoi certains continuent à diriger des trafics depuis leurs cellules, à envoyer de l’argent et même, à commander des assassinats », constate celui qui veut « nettoyer les prisons françaises ». A l’instar des « opérations places nettes », il veut mettre en place des « saisies massives de téléphones portables » dans les cellules.

Gérald Darmanin entend également « mettre à l’isolement » les « 100 plus grands narcotrafiquants écroués », sur le modèle de l’isolement des terroristes, afin de les couper définitivement du monde extérieur et de leurs réseaux. « Bien sûr, il y aura une question de places mais nous ferons des choix. » La création d’un Parquet national contre le crime organisé, sur le modèle du Parquet national antiterroriste et du Parquet national financier, est aussi à l’étude.

A l’écoute sur les violences sexuelles

Assurant travailler « main dans la main » avec Bruno Retailleau mais aussi « dans une démarche d’ouverture » avec le syndicat de la magistrature, Gérald Darmanin fourmille d’idées, tout en étant conscient que son passage place Vendôme pourrait être de courte durée. Une circulaire doit être envoyée aux procureurs « avant le 1er janvier » pour affirmer « la priorité absolue sur les dossiers de violences contre les personnes », rendre systématique le fait de « taper au portefeuille » et « simplifier l’action de la justice » en abrogeant de précédentes circulaires.

Tous nos articles sur le nouveau gouvernement

Soutien de la proposition de loi pour inverser l’excuse de minorité, estimant qu’un « mineur de 2024 n’est pas un mineur de 1944 », Gérald Darmanin affirme aussi vouloir mettre en place « la garde à vue de 72 heures pour les féminicides et les agressions sexuelles envers les femmes », réclamée selon lui par les associations féministes, et étudiera « avec le plus grand sérieux » toute proposition de loi visant à faire évoluer la définition du viol. Un agenda chargé.