Gironde : Un premier centre de réemploi de panneaux solaires usagés créé près de Bordeaux

C’est le premier site français du genre. Le réseau solidaire Envie, spécialiste du retraitement d’équipements électriques et électroniques, a inauguré mardi à Saint-Loubès, près de Bordeaux, un site de revente de panneaux photovoltaïques usagés, parallèlement à une activité de recyclage.

Sur 4.000 tonnes de panneaux réceptionnés chaque année, l’entreprise de l’économie sociale et solidaire Envie 2E, gérant de ce site qui va démarrer « dans quelques semaines », estime pouvoir en revendre 5 %, après des tests de fonctionnement, à des particuliers, des entreprises et des collectivités.

95 % de taux de valorisation

À la tonne, ces panneaux de seconde main rapportent environ « cinq fois plus » que la revente des matériaux recyclés, a expliqué Frédéric Seguin, le directeur du centre de traitement. Autre nouveauté, pour l’activité de recyclage, l’entreprise s’est dotée d’une technologie de « délamination » importée du Japon qui permet de découper le panneau photovoltaïque en séparant la couche de verre de ses composants métalliques, à la différence du processus de « broyage » général utilisé jusqu’ici dans cette filière naissante.

Les matières premières retirées – 70 % de verre mais aussi argent, silicium, cuivre et aluminium – seront destinées à des fonderies et des entreprises de transformation verrière, a ajouté Frédéric Seguin, estimant à 95 % le taux de valorisation des panneaux traités par l’entreprise.

La seule usine à recycler l’argent

Pour Nicolas Defrenne, directeur général de l’éco-organisme Soren, chargé d’organiser la filière de recyclage des déchets de l’énergie solaire en France, l’unité girondine est « avant-gardiste » car sa technologie est la seule en Europe à recycler l’argent, « un matériau critique » et « indispensable à la transition énergétique ».

Le site de Saint-Loubès est le troisième grand centre de recyclage de panneaux solaires construit en France après celui de Haluin (Nord), toujours opérationnel, et de Rousset (Bouches-du-Rhône), géré par Veolia de son lancement en 2018 à sa fermeture il y a quelques mois. La réglementation européenne oblige tout importateur ou fabricant de panneaux à énergie solaire établi sur le territoire européen à les collecter et à les traiter lorsqu’ils arrivent en fin de vie.

D’après l’éco-organisme Soren, 1,245 million de tonnes de panneaux solaires, d’une durée de vie de 20 à 30 ans, sont actuellement installées en France. À la mi-2022, la puissance totale des installations photovoltaïques atteignait 15,2 GW, dont un quart en Nouvelle-Aquitaine, selon des données provisoires du ministère de la Transition énergétique.