Gaspillage alimentaire : Quand les légumes « moches » font peau neuve grâce à la start-up Leggun
Une carotte tordue, un brocoli joufflu, un abricot biscornu. Non, ce n’est pas la liste des invendus d’un marché, mais bien les nouvelles stars de la salle de bain, grâce à Leggun, une jeune marque de savons bio solides élaborés à partir de légumes « moches », destinés à être jetés.
A l’origine de cette aventure : Fabien Poulenas et Océane Camus, deux anciens étudiants en communication à Sup de Pub, unis par leur projet entrepreneurial, leur combat contre le gaspillage alimentaire et par leur histoire d’amour. 20 Minutes raconte leur histoire.
Contre le gaspillage alimentaire
Originaire de Montpellier, le duo s’est lancé dans ce projet en juin 2023, alors qu’ils finalisaient leur master Sup de Pub à Lyon. Dans le cadre d’un exercice pédagogique, ils avaient carte blanche pour imaginer un concept. « On voulait travailler sur un sujet qui nous touche et qui soit en accord avec nos valeurs », raconte Fabien. Leur choix s’est vite porté sur le gaspillage alimentaire, et plus particulièrement ces fruits et légumes « moches » que la grande distribution boude pour des critères esthétiques.
Chaque année, des tonnes de ces produits, pourtant comestibles, finissent à la poubelle. Fabien et Océane ne pouvaient s’y résoudre. « C’est un stade de foot rempli à ras bord qu’on jette chaque année en France », s’indigne le cofondateur. Leur réflexion les a menés à détourner ces produits vers un tout autre usage : les cosmétiques.
Des débuts difficiles
Avec l’aide d’une cosmétologue de l’incubateur de leur école, le couple a développé des recettes intégrant jusqu’à 40 % de légumes déclassés. « On voulait que le légume soit l’ingrédient principal », précise Fabien. Le premier produit de la gamme, un savon solide à la carotte, a vu le jour après des semaines de tests maison. « On fabriquait tout chez nous, avec des moules à cake et des tutos YouTube », se souvient Fabien en riant. Les premiers exemplaires ont été partagés avec leurs proches, dont une arrière-grand-mère séduite par le concept.
Aujourd’hui, la production est confiée à un laboratoire des Hautes-Alpes. Les fruits et légumes sont récoltés localement et transformés dans une démarche zéro déchet : les noyaux d’abricots, par exemple, sont broyés pour créer un exfoliant naturel. L’objectif, c’est « devenir un acteur incontournable de l’antigaspi dans le secteur cosmétique ». Le couple rêve même d’élargir la gamme pour valoriser d’autres produits alimentaires oubliés.
« Chaque échec nous a permis d’avancer »
Pour financer leur projet, Fabien et Océane ont organisé une campagne de préventes sur Ulule. Résultat : 703 savons vendus et 9.000 euros collectés. Cette réussite leur a permis de lancer leur site Internet en octobre et de distribuer leurs produits dans des épiceries vrac. Depuis, le succès ne se dément pas : 1.300 savons ont déjà été écoulés, soit cinquante kilos de légumes sauvés. Une performance qui ravit Fabien : « ce qui nous fait kiffer, c’est d’avoir des retours positifs et de savoir qu’on participe, à notre échelle, à réduire le gaspillage alimentaire. »
Entre sacrifices financiers, retards de fournisseurs, et équilibre à trouver entre vie professionnelle et personnelle, Fabien et Océane ont dû faire preuve de résilience. « Les débuts ont été particulièrement compliqués, mais chaque échec nous a permis d’avancer », confie Fabien.
Leggun souhaite véhiculer un message : celui d’un petit geste quotidien qui peut avoir un impact sur la planète. « On ne peut pas tout changer, mais chacun individuellement peut y contribuer », rappelle Fabien. A 6,90 euros le savon solide, leur offre séduit autant les mamans soucieuses de sensibiliser leurs enfants à ces problématiques que les consommateurs en quête de produits responsables.