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Gard : Comment le tournage d’un film censé sublimer les oiseaux s’est transformé en catastrophe écologique

C’était un film censé mettre en lumière la beauté de la nature et la grâce des oies sauvages, à travers une histoire entre un père et son fils. Sorti sur les écrans en 2019, le tournage du film « Donne-moi des ailes », avec Louis Vazquez et Jean-Paul Rouve, s’était transformé en désastre écologique… pour les flamants roses. Ce vendredi, le procès de la société de production Radar Films s’ouvre à Nîmes. Elle est poursuivie pour « destruction non autorisée d’œuf ou nid d’espèce animale non domestique – espèce protégée ». Dans cette affaire, le réalisateur Nicolas Vanier a été entendu sous le statut de témoin assisté, comme d’autres membres de l’équipe du film qui avait cumulé 1,5 million d’entrées en salle.

Le 7 juin 2018, un ULM de la société de production avait survolé à très basse altitude une zone dans laquelle se trouvaient un millier de flamants roses, en Camargue. Problème, les oiseaux étaient alors en pleine période de couvaison et le survol avait entraîné une panique chez les volatiles et le piétinement puis l’abandon d’environ 500 œufs. Soit, au final, la disparition estimée à environ 11 % de la couvée. « Alors que la colonie de flamants roses était en période de reproduction dans les salins d’Aigues-Mortes, les équipes du cinéaste ont filmé à très basse altitude, provoquant une panique chez les oiseaux », souligne l’association Stéphane Lamart, l’une des six associations de protection des animaux parties civiles de ce procès. « Les équipes ont filmé en violation des interdictions, mettant en danger cette espèce protégée ».

« Perturbation intentionnelle »

« Théoriquement », l’équipe n’aurait pas dû obtenir l’autorisation de tourner, estime Olivier Gourbinot, juriste à France Nature Environnement auprès de France 3. Le tournage dans ce « hot spot de la biodiversité » constitue une « perturbation intentionnelle ». Si l’équipe de production a pourtant obtenu ce précieux sésame, les parties civiles estiment qu’elle s’est totalement affranchie des limites fixées par un bureau d’études et notamment l’interdiction d’un tel survol. Elle aurait également refusé la présence sur les lieux de spécialistes pour des raisons financières difficilement compréhensibles au regard du budget important du film.

Interrogé à plusieurs reprises sur cette catastrophe écologique, Nicolas Vanier a systématiquement expliqué que le survol avait été réalisé par un prestataire indépendant, qui n’avait pas respecté le plan de vol. « Un connard, il n’y a pas d’autres mots. Un pilote pour le compte d’un prestataire de services qui effectuait des essais est allé survoler une zone totalement interdite », avait expliqué en 2019 le réalisateur, à Géo.

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Auditionnés au cours de l’enquête, le pilote et le directeur de vol se défendent au contraire d’avoir été mis au courant d’une telle interdiction. Ils refusent d’être désignés comme les coupables. Pour Nicolas Vanier, en revanche, la faute du pilote est claire : « Il a été viré dans la seconde. J’aimerais que sa responsabilité soit pleinement et totalement identifiée », avait expliqué le réalisateur dans cette même interview à Géo.