Fusillade à Poitiers : « On a vécu deux drames ce soir-là », déplore un habitant lors de l’hommage à l’adolescent tué
Des fleurs, des bougies, et des messages de paix… Près d’un millier de personnes se sont rassemblées samedi à Poitiers pour rendre hommage à Anis, l’adolescent tué fin octobre par un tireur qui a blessé quatre autres mineurs, et dénoncer l’image donnée par certains de leur quartier.
La foule, très émue, s’est d’abord rassemblée dans le quartier des Couronneries devant le restaurant kebab Otentik, où des coups de feu avaient retenti le 31 octobre au soir, alors qu’une association avait organisé à proximité une soirée Halloween. Le cortège s’est ensuite dirigé vers l’immeuble de la mère d’Anis, qui a remercié la foule depuis son balcon. Des cousins de l’adolescent ont crié à plusieurs reprises « Anis, paix à ton âme ». Des applaudissements nourris ont retenti en retour.
« On demande des excuses au ministre, qui a sali son image »
« Anis était l’enfant que tout le monde aurait aimé avoir. Il était gentil, studieux », a déclaré l’une de ses tantes à la foule. « Il y a aujourd’hui beaucoup de choses à rétablir. On demande des excuses au ministre, qui a sali son image », a-t-elle ajouté.
Le lendemain des faits, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau avait déclaré à tort qu’après la fusillade, « une rixe entre bandes rivales » avait ensuite opposé « plusieurs centaines de personnes », avant de dénoncer « les « narcoracailles » [qui] n’ont plus de limites ».
« On a vécu deux drames ce soir-là, la perte d’un enfant et l’assimilation de ce jeune, de nos jeunes, à des narcoracailles », a déploré samedi Wassim, un habitant du quartier de 50 ans, père de deux adolescents. Françoise, 83 ans, est aussi venue dans ce quartier « joyeux, vivant, avec une belle mixité », où elle a « longtemps » habité, pour exprimer son « refus des amalgames ».
Le tireur présumé mis en examen
Le tireur présumé, âgé de 25 ans, s’est rendu mardi soir. Il a été mis en examen, notamment pour assassinat et tentatives d’assassinat, et placé en détention provisoire, a indiqué jeudi soir le parquet. Selon cette même source, l’homme est déjà connu de la justice pour des faits de trafic de stupéfiants et de violences. Il a également été mis en examen pour détention d’armes à Marseille, selon une source policière.
Lors d’une perquisition dans un logement qu’il aurait occupé, la police a saisi sept munitions du même calibre que les 11 retrouvées sur les lieux et « des éléments partiels d’une arme démontée ».