France

Fusillade à Paris : Une équipe de jeunes « tueurs à gages » embauchés pour exécuter un contrat

« Ce sont un peu des tueurs à gages », résume une source proche du dossier. En recherchant les auteurs d’une fusillade qui avait fait un mort l’été dernier dans le 11e arrondissement de la capitale, les enquêteurs de la police judiciaire ont mis au jour une équipe de jeunes malfaiteurs qu’ils suspectent d’être impliqués dans plusieurs règlements de compte, commis un peu partout en France. Selon les informations du Parisien, confirmées par plusieurs sources à 20 Minutes, les policiers de la brigade criminelle de Paris et de l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO) ont interpellé, lundi 13 mars, neuf suspects. Ils ont été placés en garde à vue dans le cadre de l’information judiciaire ouverte en juillet 2022, notamment des chefs de meurtre et tentative de meurtre avec préméditation en bande organisée, nous indique le parquet de Paris.

Il s’agit d’une « équipe très organisée, mobile, composée de gens qui commettent des actions ultra-violentes sur tout le territoire », précise une source policière. Les enquêteurs les soupçonnent notamment d’avoir été engagés par un commanditaire pour éliminer Mamadou T., un homme de 38 ans qui a été tué le 18 juillet dernier à Paris. Ce soir-là, une Peugeot 308 s’est arrêtée devant un bar à chicha, « La petite échappée », situé à l’angle des rues Breguet et Popincourt. Deux hommes en sont sortis. L’un tenait dans ses mains une arme de poing, un 9 mm, et l’autre une Kalachnikov. Le duo a ouvert le feu en direction de deux hommes attablés en terrasse.

Un suspect de 16 ans déjà mis en cause

Mamadou T., qui était connu des services de police pour des affaires de stupéfiants, est décédé sur place des suites de ses blessures. Quatre autres personnes, qui ont reçu des éclats de verre, ont été plus légèrement blessées. La Peugeot 308 utilisée par les auteurs de la fusillade avait été découverte deux jours après par un équipage de la BAC dans le quartier de Pissevin, à Nîmes, à proximité de la galerie commerciale Richard-Wagner.

L’un des deux assaillants, âgé de 16 ans, a été maîtrisé par des clients et interpellé par la police, tandis que son complice a pris la fuite. A l’issue de sa garde à vue, il a été mis en examen pour « assassinat en bande organisée, tentative d’assassinat en bande organisée, acquisition et détention sans autorisation d’armes de catégories A et B en réunion, et association de malfaiteurs en vue de crimes et délits » et placé en détention provisoire. Comme l’avait révélé 20 Minutes, cet adolescent né en 2006 à Mayotte est impliqué dans une autre affaire de tentative de meurtre.

Un règlement de compte « sur fond de trafic de stups » ?

Le 3 juillet 2021, Lyam*, alors âgé de 15 ans, a poignardé un jeune de 16 ans dans le Vieux-Menton au cours d’une bagarre. Il avait été interpellé trois jours après par la police municipale de Beausoleil. Lyam avait ensuite été placé en garde à vue puis déféré au tribunal où il a été présenté à un juge pour enfants. Une information judiciaire pour tentative d’homicide volontaire et violence avec armes avait alors été ouverte. En février 2022, le juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Nice l’a remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire. « Le dossier est toujours à l’instruction. Tout le monde a été entendu, on attend désormais qu’il soit renvoyé », confie à 20 Minutes l’avocate de la victime, Me Mireille Otto-Oberthur.

Cinq mois après sa libération, le jeune homme est donc interpellé à Paris, une arme à la main. Il est suspecté d’avoir été payé, avec d’autres complices, par des commanditaires qui auraient placé un contrat sur la tête de la victime. Les enquêteurs s’interrogent toujours sur leur identité et sur leurs motivations, mais l’hypothèse d’un règlement de compte « sur fond de trafic de stupéfiants » semble privilégiée. Les neuf autres suspects interpellés ce lundi « sont majeurs mais tous très jeunes », explique un bon connaisseur du dossier.

*Le prénom a été modifié