France

François Bayrou : On vous résume la polémique sur la rénovation de son bureau à la mairie de Pau

La controverse est née à Paris avant de gagner Pau. Dans un article très critique, Mediapart a révélé que la mairie prévoyait de dépenser près de 40.000 euros pour rénover le bureau de François Bayrou à l’hôtel de ville de la municipalité dont il est maire. Selon le site d’investigation, un arrêté municipal daté du 28 juillet autorise des travaux estimés à 40.800 euros, financés par les deniers publics.

L’objectif : « Redonner la splendeur d’origine » à la pièce, selon les termes du permis de construire. Concrètement, il s’agit de retirer le sol stratifié pour faire réapparaître le parquet, d’appliquer un enduit à la chaux, de supprimer câbles, climatiseur et ajouts divers accumulés au fil des décennies, et de remplacer les luminaires. Autant de dépenses engagées alors même que le Premier ministre exige des collectivités locales et de l’État de réduire leur « train de vie ».

Le paradoxe est d’autant plus piquant que la dette de Pau a explosé depuis son arrivée à la mairie : de 60,2 millions d’euros en 2014 à près de 111 millions en 2023. Une trajectoire « sous contrôle » selon la municipalité, qui promet une décrue à 108 millions en 2024. Reste que le sujet colle mal avec l’image d’austérité que François Bayrou tente d’imprimer à l’échelle nationale, à quelques jours d’un vote de confiance à l’Assemblée, le 8 septembre, exclusivement consacré à la dette française.

François Bayrou s’indigne

Une partie de l’opposition municipale s’est naturellement emparée du sujet. « Alors que le milieu associatif souffre de baisse de subventions ! Le maire de Pau a ses priorités ! Quel scandale, quelle indécence ! », a dénoncé l’élue GDS Marion Bussy-Paroix. Le maire et Premier ministre, lui, s’agace de ce qu’il considère comme une polémique artificielle. « Tout ceci est complètement dingue ! Qu’on ose présenter ça comme du luxe… Quand on a tout essayé pour abattre quelqu’un, on va chercher des choses dérisoires, et honteuses », répond François Bayrou à Sud Ouest.

Selon les précisions de la mairie, il ne s’agit pas de luxe, mais de restauration patrimoniale. Le chantier prévoit la dépose d’un sol stratifié pour retrouver le parquet d’origine, la réfection des murs à la chaux afin de restituer l’esprit du XIXe siècle, mais aussi la suppression d’éléments ajoutés au fil des décennies : câbles électriques, prises, climatiseur ou réseaux basse tension. De nouveaux luminaires viendront compléter l’ensemble.

Mystère sur un troisième mandat

L’élu centriste rappelle aussi que son bureau est en réalité le dernier espace de l’hôtel de ville à faire l’objet d’une réfection, alors que l’ensemble du patrimoine municipal a été progressivement rénové : l’hôtel de France, qui abrite la communauté d’agglomération, le bâtiment dit « le Piano » près des allées de Morlaàs, ou encore l’accueil et les bureaux administratifs de l’hôtel de ville. Les 40.800 euros prévus représentent moins de 1 % du coût total des travaux réalisés sur place depuis 2017.

Interrogé sur l’horizon politique que dessine ce futur bureau restauré, François Bayrou n’a pas confirmé s’il briguera un troisième mandat de maire en 2026. Même si, avec un bureau flambant neuf comme ça, on n’a probablement pas envie de partir.