François Bayrou : Après l’épreuve réussie du budget, le risque de « surplace »
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Après le grand « ouf » de soulagement, un long soupir ? François Bayrou a passé l’épreuve du feu sur les textes budgétaires, en échappant mercredi dernier aux motions de censure déposées par les députés de La France insoumise. En obtenant le soutien tacite du Parti socialiste et du Rassemblement national, le Premier ministre réussit là où son prédécesseur Michel Barnier avait chuté. « En sortant de l’impasse budgétaire, on a installé le camp de base. Maintenant, il faut se lancer à l’attaque des huit sommets » de l’Himalaya, disait-il récemment, conscient des difficultés à venir faute de majorité à l’Assemblée nationale.
Car si le maire de Pau entend lancer de grands chantiers pour les mois à venir, il pourrait vite se heurter à la réalité de l’Hémicycle. C’est du moins l’avis d’Edouard Philippe. « Nous soutenons le gouvernement » mais « sans illusion, malheureusement, sur le fait que nous ne ferons rien de décisif dans les deux ans qui viennent », avait piqué le maire du Havre fin janvier, déclenchant la colère de l’intéressé. « L’idée que nous sommes condamnés à l’impuissance est pour moi antinationale », avait fulminé le patron du MoDem dans La Tribune dimanche. Derrière cet agacement, une forme de vérité ? Chez les troupes du bloc central, certains partagent le constat du maire du Havre.
« Il ne peut pas y avoir de grandes réformes d’ici la fin du quinquennat en 2027. Il faudrait une légitimité démocratique et un exécutif fort, deux conditions qui manquent aujourd’hui », reconnaît le député LR des Alpes-Maritimes, Eric Pauget. François Bayrou, qui a évoqué des réformes sur l’immigration, les retraites, les institutions ou encore la fin de vie, n’est pas certain d’avoir les moyens de ses ambitions. « Ce gouvernement, comme le précédent, au regard de ce qu’est aujourd’hui l’Assemblée, n’est au fond pas légitime pour mener de grandes transformations pour le pays. Car les Français n’ont pas réellement tranché lors des législatives. La seule manière de trancher, c’est le débat de l’élection présidentielle », souffle un ancien membre du gouvernement Barnier, redevenu député.
« Il faut oublier les grands textes »
La grande loi Immigration, tant espérée par la droite et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, ne devrait donc pas voir le jour. « J’ai l’impression qu’il y a l’idée de saucissonner chaque loi, avec des textes plus ciblés sur deux ou trois points précis, voire à article unique, pour les passer plus facilement », avance Eric Pauget. « Il faut être pragmatique, car à côté de nous, le monde avance. Et la France risque le surplace », craint-il. François Bayrou souhaite scinder en deux le futur texte de loi sur la fin de vie, pour distinguer les soins palliatifs d’une part, et l’aide à mourir d’autre part, qui cristallise les oppositions. Le chef du gouvernement souhaite également une réforme rapide des modes de scrutins municipaux pour Paris, Lyon et Marseille, loin de la grande réforme institutionnelle évoquée depuis des années en Macronie.
« La période va nous forcer à aller à l’essentiel, il faut oublier les grands textes avec cinquante articles ou plus. Aucun parti ne peut se prévaloir d’appliquer un programme », indique l’ex-ministre de l’Energie Olga Givernet. « Il y a un besoin de simplification, on peut trouver du consensus pour débloquer des verrous comme on le fait en ce moment sur l’agriculture », ajoute l’élue macroniste de l’Ain. Le calendrier s’annonce toutefois serré, car l’année prochaine sera marquée par les élections municipales. « On a quelques mois de temps législatif, entrecoupées de vacances, puis ce sera l’été et on sera déjà dans la préparation du prochain budget, assure une députée du bloc central. Ensuite, il y aura les municipales, puis tout le monde aura en tête la campagne présidentielle. La fenêtre est donc courte. »
Notre dossier Gouvernement Bayrou
Courte et étroite pour le Premier ministre, qui reste toujours assis sur un siège éjectable. François Bayrou fera d’ailleurs face à une nouvelle motion de censure des insoumis ce lundi, avant d’affronter celle des socialistes, déposée en réponse à ses propos sur le « sentiment de submersion migratoire ».