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France – Pays de Galles : Les Bleus ne gagnent pas le Tournoi mais ils « ont pris du plaisir » à soigner leur sortie

Au Stade de France,

On ne peut vraiment pas compter sur les Anglais. Pour la première fois sans doute dans l’histoire de l’humanité, la France entière était derrière l’ennemi juré, ce samedi, lors de la dernière journée du Tournoi des VI Nations. Après leur victoire bonifiée face au pays de Galles un peu plus tôt dans l’après-midi (41-28), les Bleus n’avaient en effet plus qu’à prier pour un improbable succès anglais en Irlande, et avec plus de sept points d’écart s’il vous plaît, pour remporter la compétition.

Le XV de la Rose a mené 6-0 et, les yeux rivés sur notre téléphone, on a commencé à se dire que pourquoi pas, sur un malentendu. Mais c’était évidemment trop demandé à une équipe qui avait pris sept essais et 53 points dans les dents sept jours plus tôt. L’Irlande s’est ressaisie rapidement avant de prendre le large, irrémédiablement, pour l’emporter (29-16) et réaliser le Grand Chelem. Le XV de France termine donc deuxième de ce Tournoi.

Note positive

Les Français y ont cru eux aussi. Enfin, c’est ce qu’ils nous ont assuré en tout cas, entre autopersuasion et folie passagère. Après leur succès un peu foufou et un petit tour d’honneur pour saluer le public et profiter de ces derniers moments de communion avant la Coupe du monde, ils se sont rassemblés dans le vestiaire pour suivre le match. Ça nous arrangeait moyen pour la zone mixte, mais bon, on aurait fait pareil à leur place. Premier à sortir, Thomas Ramos, alors que la première période d’Irlande-Angleterre est en cours. L’arrière du XV de France, devenu le meilleur marqueur tricolore sur une édition du VI Nations (84 points), sait que dans le fond, le classement ne changera pas l’analyse de fond du Tournoi.

« On est contents de gagner de cette manière. Les trois derniers matchs ont été bien plus convaincants que les deux premiers, note le Toulousain. On n’était pas à notre meilleur niveau sur le début de Tournoi, et on l’a payé cher en Irlande. Il faudra s’appuyer sur ce qu’on a fait en Angleterre et sur ce match-là, parce qu’on a fait de très bonnes choses. »

Ethan Dumortier pointe le bout de son nez quelques minutes plus tard. Ça fait 10-9 pour l’Irlande à ce moment-là. Vraiment, vous pensez qu’on peut compter sur les Anglais ? « S’ils font la même performance que contre nous, ça va être compliqué, répond l’ailier dans un sourire. On savait après l’Irlande qu’on n’aurait plus les cartes en main. On a fait notre maximum sur la fin du Tournoi, on n’a plus qu’à espérer que la chance soit avec nous, sinon il faudra se contenter d’une deuxième place. Ce n’est pas très bien parti mais on croise les doigts. » Épargne-toi cette peine, Ethan. Le temps de répondre aux journalistes, ça fait 22-9. On peut plier.

On préfère ça, de toute façon, à une courte victoire anglaise qui nous aurait fait regretter pendant un bon moment cet essai encaissé en toute fin de match, alors que Damian Penaud venait de redonner du mou aux Bleus. Sur le renvoi, alors qu’il ne restait qu’une vingtaine de secondes à jouer avant la sirène, le XV de France a trouvé le moyen de se faire transpercer sur un ballon anodin envoyé à l’aile à 40 mètres de son en-but. Ramos et Penaud se sont fait déposer comme des enfants par Rio Dyer, venu inscrire le quatrième essai gallois. Ça fait un peu désordre, si on peut se permettre, face à une équipe qui a tout juste évité la cuillère de bois en battant l’Italie la semaine passée.

17 victoires sur les 18 derniers matchs

« Sur le plan défensif, il y a sans doute des choses à revoir mais je pense qu’on fait un match complet, relève le pilier Cyril Baille. En ce moment, les matchs sont un peu fous mais on a pris du plaisir sur le terrain. » C’est vrai qu’on retiendra quand même plus la nouvelle orgie offensive, avec cinq essais marqués, dont deux sur des ballons en première main qui nous ont fait levé de notre siège (Penaud, Fickou). « On avait beaucoup travaillé ça cette semaine en se disant qu’il fallait qu’on se règle sur le timing et nos positions. Ça a payé, apprécie Dumortier. Ce genre d’attaque, c’est un bon indicateur de la performance collective car c’est l’ensemble de l’équipe, depuis les avants, qui nous permet de réaliser des enchaînements comme ça. »

C’est ça, l’image qui restera dans la tête des Bleus, avec ce caractère montré face à l’Ecosse, l’Angleterre et le pays de Galles pour effacer la déconvenue irlandaise. « Ça reste un bon Tournoi, appuie Baille. On a gagné 17 de nos 18 derniers matchs, on l’oublie un peu vite. Il faut aussi se dire qu’on a une grosse marge de progression. » Voilà qui valait bien le joli feu d’artifice déclenché depuis le toit du Stade de France au coup de sifflet final. Ça ne servait à rien d’attendre les Anglais pour ça.