France

France – Ecosse : « Une machine destructrice »… Les Bleus sont-ils devenus la nouvelle référence offensive mondiale ?

Le Dr Nicolas Girard, chef du département de l’Institut du thorax Curie, à Paris, pourrait être sollicité très vite par le staff de l’équipe de France de rugby. A force de se jeter et de rebondir comme des damnés dans l’en-but au moment de marquer un essai, Louis Bielle-Biarrey et Damian Penaud vont bien finir par se détruire la cage thoracique. Le premier, qui a déjà inscrit sept essais en quatre matchs du Tournoi des VI Nations, n’est plus qu’à un essai du record de l’Anglais Cyril Lowe.

Le second, lui, pourrait devenir meilleur marqueur d’essais de l’histoire du XV de France et effacer Serge Blanco des tabletes s’il va à dam face à l’Ecosse ce samedi (21h15), en épilogue de ce Tournoi des VI Nations. Les deux ailiers de l’UBB sont en tout cas le reflet d’une équipe de France dont le jeu offensif rayonne : après les récitals lors de la tournée automnale, notamment face à l’Argentine et la Nouvelle-Zélande, les Bleus ont mis 43 fiches face au pays de Galles, 25 contre les Anglais, 73 à l’Italie et 42 en Irlande.

« Concrétiser chaque moment de domination »

Le voyage à Dublin a été l’expression parfaite de la stratégie mise en place par Fabien Galthié. Une trèèèès grosse défense, des relances venues de nulle part à la récupération, la balle à l’aile la vie est belle, comme sur cet essai de LBB à la 50e après un contre ruck d’école des Bleus dans leur propre camp, un ballon vite écarté vers Penaud qui retrouve son compère de l’UBB. « Tout part en fait de la défense, de cette capacité à ne pas encaisser de points, estime Mathieu Bélie, passé par le Stade Toulousain et Perpignan. Et puis après de vite récupérer le ballon pour jouer ses ballons de manière extraordinaire. »

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« Depuis quelques mois, je prends beaucoup de plaisir à voir cette équipe de France jouer, reprend Olivier Brouzet, ancien deuxième des Bleus. On a des avants qui ferraillent, sans nul doute la meilleure ligne de trois quarts au monde, on peut concrétiser chaque moment de domination. » Les Bleus savent se goinfrer avec des miettes. Les Irlandais ont eu beau faire 100 passes de plus que les Bleus, avoir parcouru plus de mètres, réalisé plus de courses et battu plus de défenseurs, ils se sont retrouvés le bec dans l’eau.

Record d’essais pour les Bleus ?

Il y a deux ans, à Dublin, dans la foulée d’une volonté du staff de davantage contrôler le ballon, les Français avaient tenté d’envoyer du jeu de partout. Résultat, une grosse défaite au bout (32-19). Alors, fini le temps du Barça version ovale, assez peu concluant pour une stratégie hybride à base de dépossession, relances à la main et confiance en la folie des lignes arrières, comme ce coup de pied transversal de Bielle-Biarrey dans ses 22 m pour fuir la pression.

« La dépossession, c’est idéal pour exploiter au maximum les ballons de récupération. Moi, je pense que c’est là où l’équipe de France est la plus à l’aise. Après, ils ont aussi les capacités de jouer depuis n’importe quel coin du terrain, parce qu’ils ont des qualités techniques, de puissance, de vitesse, qui fait qu’on est dangereux de partout. »

Suffisant pour se demander si les Bleus ne sont pas devenus les maîtres du jeu offensif sur la planète, le tout avec une marge de progression énorme. Rappelez-vous des énormes occasions gâchées (coucou Damian Penaud) à Twickenham par des fautes de main enfantines, qui auraient déjà permis aux Bleus (26) de battre le record d’essais (29) sur une édition du Tournoi. Longtemps modèle dans l’utilisation des ballons de récupération, les All Blacks, tombés au Stade de France en même temps que les feuilles à l’automne, relégués au rang de faire-valoir ?

« Une incroyable richesse de talents »

« La France montre qu’elle a largement les capacités de faire aussi bien, si ce n’est mieux, que les All Blacks dans l’aération du jeu, mais tout ça se fait sous la condition que la défense soit implacable, estime Olivier Brouzet. On a quand même une génération extraordinaire qui a cette pointe d’insouciance, beaucoup de confiance en elle et est assez décomplexée. » A tel point que les Néo-Zélandais commencent à avoir les guiboles qui tremblent avant de recevoir l’équipe de France cet été pour trois test-matchs.

Et ce même si l’encadrement tricolore a d’ores et déjà annoncé qu’il ne prendrait pas les joueurs dits premium pour cette colonie sportive dans le Pacifique. « Fabien Galthié construit une machine destructrice capable de pratiquer un rugby total presque impossible à défendre, écrit le New Zealand Herald. La France peut laisser 40 joueurs capés à la maison et amener en Nouvelle-Zélande, en juillet, une équipe capable de remporter la série. Il s’agit d’un pays doté d’une incroyable richesse de talents. C’est un pays qui a battu les All Blacks trois fois au cours des quatre dernières années et qui a fait appel à 38 joueurs différents. »

Au point de marquer une époque dans le rugby mondial, à la manière des Blacks des Savea, Carter, Nonu ou Lomu ? « Je pense vraiment qu’on se souviendra de cette équipe de France, qu’elle va marquer une époque, au-delà même de la trace qu’Antoine Dupont laissera dans le rugby, assure Bélie. Elle est décomplexée, vraiment obsédée par la gagne. »

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« On s’en rappellera si elle est championne du monde, sinon on ne s’en rappellera pas, tempère Brouzet. Parce qu’il y avait aussi des talents en 1999, comme il y en avait en 2003, comme il y en avait en 2011, et même si le cheminement n’avait pas été le même, il faut que cette équipe soit championne du monde. Ce sont les hommes qui composent cette équipe qui marquent une époque, pas le jeu déployé. » On ne dirait pas ça du Barça au foot.