France – Argentine : L’affaire Auradou-Jégou a-t-elle aussi eu des répercussions sur le rugby argentin ?
Oscar Jégou et Hugo Auradou seront probablement titulaires ce week-end. Pas avec les Bleus, mais respectivement avec La Rochelle et Pau pour le retour du Top 14. Loin de l’équipe de France, pour l’instant, un peu plus de quatre mois après avoir été inculpés de viol aggravé en pleine tournée des Bleus en Argentine et en Uruguay. Les deux joueurs, qui ont passé quelques semaines en détention préventives, attendent désormais qu’une audience, reportée sine die, étudie leur demande de non-lieu.
Depuis cette funeste tournée en Amérique du Sud, le rugby français a décidé de faire son autocritique, et a tenté de mettre des garde-fous pour que pareille affaire ne se reproduise plus. Le XV de France a ainsi instauré un nouveau cadre de vie, avec une charte d’engagement à signer pour tout joueur voulant porter le maillot frappé du coq.
Pas de contrôle sur les joueurs
Certains clubs de Top 14 ont également décidé de prendre des mesures pour lutter contre la cocaïne, notamment l’UBB qui va soumettre ses joueurs à des tests de dépistage sur tirage au sort. Mais, en Argentine, que la France retrouve ce vendredi soir au Stade de France (21h10), cette affaire Jégou-Auradou a-t-elle également permis des changements dans la sélection et les clubs locaux ? « Évidemment, ici on l’a suivie de près et c’est toujours le cas, mais au niveau de la sélection, ça n’a pas eu beaucoup d’impact », répond Nicolas Casanova, journaliste à La Nacion.
Pour les clubs non plus. Contactés, une dizaine d’entre eux, tout comme la Fédération argentine de rugby, n’ont pas répondu à nos sollicitations. « Il n’y a pas de règles qui ont été à proprement instaurées dans les clubs, sachant qu’ils sont amateurs, explique Agustin Vicario, cofondateur de Rugbeat et intervenant sur Fox Sports Argentina. Les clubs ont finalement assez peu de contrôle sur leurs joueurs, ils ne signent pas de contrat avec eux. Evidemment ils demandent une certaine responsabilité, mais après chacun fait ce qu’il veut de sa vie. »
« Pas de scandale comme en France »
Les règles internes aux clubs sont également peu rendues publiques. Le seul changement notable cette année, nous raconte Agustin Vicario, est l’arrivée dans certains clubs argentins, de Michelob Ultra. Ce n’est pas la version sud-américaine d’un « humoriste » français ou le dernier pneu de la manufacture auvergnate, mais une bière de la marque Quilmes. Sa particularité : un taux d’alcool à 2 % au lieu de 7 %, à consommer quand même avec modération.
« Mais, il n’y a jamais eu de scandale comme il y a eu en France, sur le sujet de l’alcool, indique Nicolas Casanova. Dans les vestiaires, c’est permis, mais en général, l’Argentine a un bon comportement au niveau interne. » Selon nos deux spécialistes, le pays de Juan Martin Hernandez et d’Ignacio Corleto n’a pas eu, jusqu’à présent, de cas d’agressions sexuelles commis par des rugbymen en marge de troisièmes mi-temps qui ont dégénéré. « Seulement quelques bagarres entre hommes, mais rien d’autre de connu, ni dans les clubs ni chez les Pumas », estime Agustin Vicario.
Le scandale des tweets racistes
Le dernier scandale concernant la sélection argentine remonte à 2020, avec des tweets racistes ressortant à la surface quelques années après de trois joueurs, dont le capitaine Pablo Matera et le deuxième ligne de l’UBB Guido Petti. « Contrairement à l’affaire Jégou-Auradou, celle-ci a eu un impact sur le rugby argentin et les Pumas. C’était comme un thème de la société. Tout le monde se mettait à juger le rugby, pour savoir si c’était un sport élitiste… Ça venait une semaine après la mort de Maradona, les Pumas ne lui avaient pas rendu hommage, c’est pour ça qu’ils ont été jugés. »
Les trois joueurs ont été suspendus à titre conservatoire (deux jours) et Pablo Matera a perdu son rôle de capitaine. Il a quand même gardé sa place en sélection tout comme Guido Petti, les deux joueurs seront d’ailleurs titulaires face aux Bleus ce vendredi. « Je ne sais pas si après cet événement, cela a provoqué des changements dans les règles de vie des Pumas, mais je ne pense pas », suppute le journaliste de La Nacion. On espère juste que le point de départ d’un nouveau cadre de vie ou d’une prise de conscience collective ne passera pas par un événement plus grave qu’un mauvais usage des réseaux sociaux.