France

France – Argentine : Invaincus à l’automne, les All Blacks dans la poche… Il est pour nous le Tournoi des VI Nations ?

Au Stade de France,

Certains entraîneurs du Top 14 ont dû s’arracher les cheveux au coup de sifflet final de France-Argentine (37-23), vendredi soir. Alors que les températures titillaient le 0°C, certains joueurs sont restés tranquillement en short et maillot, le temps de faire un tour d’honneur au petit trot, histoire de ne pas jouer avec la mort non plus. Le taf était fait, tout était oublié. Après une nouvelle victoire face aux Pumas, les Bleus ont donc conclu les test-matchs de novembre invaincus.

Trois succès en trois matchs, même si la victoire face aux All Blacks reste la plus marquante, c’était l’objectif fixé par Fabien Galthié, qui va pouvoir laisser « reposer » tout ce beau monde quelques semaines avant de les retrouver pour préparer le Tournoi des VI Nations. Avec une seule petite victoire en quatorze ans, les Bleus doivent renouer avec un passé glorieux. Et il y a des motifs d’espoirs.

Les hommes mentent, pas les chiffres

Fabien Galthié aime les datas. Et, s’il y a un nombre qui ne le quitte pas, c’est bien 80, comme le pourcentage de victoires des Bleus durant son mandat. « A la fin de l’année 2024, en est toujours à 80 % de victoires, ce qui n’est jamais arrivé dans le rugby français, a commenté le sélectionneur des Bleus en conférence de presse. C’est vrai qu’il y a ce quart de finale contre l’Afrique du Sud [lors du Mondial, pour remuer le couteau dans la plaie], mais c’est une expérience qui nous aide à avancer. »

Alors, pour maintenir ce taux de 80 % de victoires, il faudra gagner au minimum quatre des cinq matchs lors du Tournoi des VI Nations, ce qui veut dire gagner en Irlande ou en Angleterre (ou les deux, on ne serait pas difficile). Et qui est donc la seule Nation à avoir battu les All Blacks lors de cette tournée automnale à domicile ? Oui, la France, tout à fait, pendant qu’Irlandais et Anglais tombaient devant les frères Barrett.

Des joueurs importants de retour

En conférence de presse après la défaite des siens au Stade de France, Felipe Contepomi, le sélectionneur des Pumas, a loué l’abondance de bons joueurs dans notre bon vieux pays, après que les Pumas ont affronté les Bleus trois fois en quelques mois. La classe biberon s’était illustrée (sportivement, même si on l’a vite oublié à cause des affaires Auradou-Jégou et Jaminet) cet été en Amérique du Sud, avant que les grands ne finissent le travail vendredi soir.

Pourtant Contepomi n’a pas tout vu, car de nombreuses forces vives des tricolores manquaient à l’appel, comme le pilier Cyril Baille, même si Reda Wardi et Jean-Baptiste Gros ont effectué un énorme boulot pour le suppléer. Le deuxième ligne Posolo Tuilagi a également manqué cette tournée automnale et ne sera pas rétabli pour le Tournoi, alors qu’il pourrait faire des ravages en tant qu’impact player.

Mais c’est surtout dans les lignes arrières que les absences étaient importantes. Même si Thomas Ramos l’a remplacé à la perfection, le n°10 Romain Ntamack devrait retrouver sa place de titulaire en février prochain, tout comme Damian Penaud, embêté par une infection pulmonaire, qui l’a privé des trois matchs internationaux. Son coéquipier à Bordeaux, Nicolas Depoortère, blessé à la mâchoire, pourrait lui aussi retrouver une place dans le XV de départ, vu que Fickou et Moefana n’ont pas brillé de mille feux. Ça en fait du monde pour venir titiller Anglais et Irlandais.

« Il y a toujours eu cette émulation et cette concurrence, a indiqué Galthié. Il n’y a jamais eu de confort pour qui que ce soit. Il y a, je pense, une saine émulation et porter le maillot l’équipe de France, c’est sacré. Accepter de le porter, c’est accepter aussi de vivre les grands moments comme on les partage aujourd’hui. C’est beaucoup de plaisir à la base, mais c’est aussi des moments difficiles, parfois des remises en question personnelles et des remises en question collectives. »

Dupont va retrouver son meilleur niveau

Après une année à batailler à VII, avec un titre olympique à la clé, Antoine Dupont a retrouvé ses vieux copains du XV lors de ces test-matchs de novembre. Moins clutch, comme ils disent de l’autre côté de l’Atlantique, le capitaine des Bleus est beaucoup plus surveillé par ses adversaires. Les Argentins avaient ainsi identifié le jeu près du 9, comme l’a reconnu le sélectionneur Felipe Contepomi. Et le demi de mêlée a bien été coffré par les Pumas.

Le Toulousain a également commis quelques erreurs, avec deux en-avant, à quelques minutes d’intervalles, alors que les Bleus avançaient dans le camp argentin. On a été tellement habitué à voir Dupont dominateur, que de ne pas le voir inscrire trois essais par match, nous laisse sur notre faim. Mais, comme à son habitude, il a été rapide dans son orientation du jeu, parfait en défense, et c’est lui qui a amorcé l’action aboutissant à l’essai de pénalité, avec un petit coup de pied par-dessus.

C’est promis, on verra la meilleure version de Toto lors du Tournoi des VI Nations, quand son collègue de la charnière chez les Rouge et Noir, Romain Ntamack, sera de retour. C’est une certitude.

Louis Bielle-Biarrey, le facteur X

En zone mixte, Reda Wardi, après la victoire face aux Pumas, a loué le talent de « joueurs capables de faire la différence individuellement. Avec la vitesse qu’ils mettent et leur intelligence de jeu, c’est plus facile pour nous ». On a évidemment pensé à Louis Bielle-Biarrey. L’ailier de l’UBB a encore été décisif, comme contre les All Blacks, et a inscrit son dixième essai en quatorze sélections, après un jeu au pied pour lui-même qu’il a conclu grâce à sa pointe de vitesse.

L’ancien Grenoblois aurait même pu réaliser un doublé, mais un geste honteux de Juan Martin Gonzalez Samso, qui a volleyé volontairement le ballon en-avant pour empêcher le Français de s’en saisir, l’en a empêché. cela a quand même provoqué un carton jaune et un essai de pénalité pour les Bleus. Sur les trois matchs de novembre, le n°11 a été le plus en vue. Et il pourrait former, avec ses compagnons de l’UBB, Penaud, Moefana, Depoortère et Buros une ligne arrière complémentaire et redoutable en équipe de France. Le meilleur est à venir.